OpenLux : l’insatiable appétit des Français pour les sociétés luxembourgeoises

Mardi 9 février 2021

OpenLux : l’insatiable appétit des Français pour les sociétés luxembourgeoises

Par Anne Michel , Maxime Vaudano et Jérémie Baruch

Publié aujourd’hui à 06h01, mis à jour à 07h01

Enquête Près de 15 000 Français possèdent des sociétés au Luxembourg, totalisant au moins 100 milliards d’euros d’actifs, soit 4 % du PIB français. Une pratique souvent à la frontière de la légalité.

Ils sont plus nombreux que les Italiens et les Allemands réunis, et plus nombreux que les Luxembourgeois eux-mêmes : près de 15 000 Français figurent sur la liste des propriétaires de sociétés luxembourgeoises, reconstituée par Le Monde pour l’enquête OpenLux.

On y trouve des grands patrons et leurs entreprises, des médecins et des collectionneurs d’art, des footballeurs et des producteurs de cinéma, des consultants et des pilotes de moto, des écrivains et de riches héritiers, des propriétaires fonciers et des figures de la « start-up nation », des dirigeants de PME et des arnaqueurs professionnels. Leurs points communs : de l’argent à faire fructifier et le goût de la discrétion.

La présence de ces Français au grand-duché de Luxembourg s’explique-t-elle seulement par « le nombre important d’expats et de frontaliers français » qui vivent ou travaillent sur place, comme l’assure le gouvernement luxembourgeois ? De nombreux indices permettent d’en douter. D’abord parce que 56 % de ces 15 000 Français ont déclaré aux autorités qu’ils résidaient en France, et seulement 27 % au Luxembourg. Mais surtout parce que l’immense majorité de leurs sociétés sont en réalité des holdings financières sans bureau ni activité économique sur place – de pures boîtes à lettres.

Selon nos calculs, inédits, basés sur l’extraction automatique de milliers de bilans financiers, ces Français possèdent des dizaines de milliards d’euros d’actifs dans des sociétés luxembourgeoises : 40 milliards si l’on s’en tient aux résidents français, 100 milliards pour l’ensemble des ressortissants français, ce qui représente l’équivalent de 4 % du PIB français. Lire la suite.

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