Corse : une avocate mise en examen dans l’affaire de blanchiment visant le Petit Bar

Lundi 8 mars 2021

Corse : une avocate mise en examen dans l’affaire de blanchiment visant le Petit Bar

Me Angélique Peretti est soupçonnée d’avoir prêté main-forte à une opération financière frauduleuse au bénéfice du gang de Corse-du-Sud.

Par Jacques Follorou Publié aujourd’hui à 20h11, mis à jour à 20h32

Les poursuites judiciaires contre un avocat ne sont jamais anodines. Elles le sont encore moins dans les dossiers de crime organisé corse. Me Angélique Peretti a été mise en examen, lundi 8 mars, pour des faits de « complicité » dans le cadre d’une vaste affaire de blanchiment visant le gratin de la mafia insulaire, le gang du Petit Bar. Les faits sont liés à une tentative d’extorsion de fonds à l’encontre de son propre père, un riche homme d’affaires corse, Jean-Marc Peretti, devenu résident suisse et actionnaire minoritaire du port franc du Luxembourg après une carrière dans les cercles de jeux, en Afrique et à Paris.

La justice soupçonne sa fille d’avoir prêté main-forte à la bande du Petit Bar dans une opération de blanchiment de deux millions d’euros et d’avoir, ensuite, servi d’intermédiaire pour les aider à extorquer son père. C’est au cours de surveillances physiques et techniques, à Paris, de l’un des piliers du Petit Bar, Mickaël Ettori, que les doutes ont émergé. Pourquoi cherchait-il avec tant d’obstination à contacter et rencontrer Jean-Marc Peretti ? Pourquoi se rendait-il si régulièrement au cabinet d’Angélique Peretti en 2019 ? D’après l’enquête, il est apparu que cette dernière aurait servi de relais avec son père, tout d’abord pour un investissement, puis pour régler un contentieux financier entre les deux parties.

Selon la justice, l’homme d’affaires s’était, en effet, prêté à une opération financière au profit du Petit Bar qui avait mal tourné et entraîné une perte sèche de deux millions d’euros pour cette bande redoutée en Corse comme sur le continent. Le 22 mai 2019, sur la base de coordonnées transmises par Mickaël Ettori, cette somme avait été créditée sur un compte « non identifié », puis transférée vers le compte d’une société offshore. Le 9 juillet 2019, Jean-Marc Peretti, dit une pièce judiciaire à laquelle a pu avoir accès Le Monde, « recevait sur l’un de ses comptes un versement de deux millions d’euros sous forme de prêt puis transféré sur un compte à Hongkong ». Sa fille avocate aurait, à cette occasion, signé des documents comptables ayant servi à cette possible opération de blanchiment de l’argent sale du Petit Bar. Mais un aléa administratif a conduit au blocage des fonds.

Guet-apens dans les beaux quartiers

Dès lors, selon des écoutes réalisées du 18 au 21 juillet 2019, l’ex-patron de cercle « évite à tout prix de croiser “Micka” Ettori ». Il fait défaut à plusieurs rendez-vous et refuse de répondre aux appels. Mickaël Ettori, à la demande de ses acolytes, Pascal Porri et le chef présumé du Petit Bar, Jacques Santoni, met la pression et fait le siège du cabinet d’Angélique Peretti, notamment au mois d’octobre et de novembre. En guise de compensation, un investissement pour un bar et projet immobilier à Courchevel (Savoie), pour une somme de 2,5 millions d’euros, aurait été évoqué entre Jacques Santoni et Jean-Marc Peretti, puis abandonné. Le clan Peretti parvient à retarder l’explication jusqu’au 6 juillet 2020. Ce jour-là, un véritable guet-apens est organisé, dans les beaux quartiers parisiens, pour contraindre Jean-Marc Peretti à rembourser la perte financière du Petit Bar. Lire la suite.

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