Côte d’Ivoire : un an après, les déchets toxiques toujours d’actualité à Abidjan

Mercredi 22 août 2007

Sciences

Côte d’Ivoire : un an après, les déchets toxiques toujours d’actualité à Abidjan

AFP | 21.08.2007 | 18:51

Un an après leur déversement, les déchets toxiques continuent d’occuper le devant de la scène à Abidjan, où la dépollution n’a toujours pas été achevée malgré les risques potentiels et où l’indemnisation des victimes fait polémique au sein de la population.

Lundi soir, une équipe d’experts de trois sociétés ou cabinets internationaux envoyée par la multinationale Trafigura, affréteur du cargo Probo Koala qui a déchargé les déchets toxiques à la fin août 2006, est arrivée à Abidjan avec la mission de finir de dépolluer les sites contaminés.

Confiée à la société française Trédi et rapidement entamée, quelques semaines après le déversement des déchets, cette dépollution aurait du être achevée depuis longtemps.

Mais elle a été interrompue à la fin 2006, après que le gouvernement ivoirien eut arrêté de payer les travaux en cours. Selon Trédi, entre 2.500 et 3.000 tonnes de substances contaminées restaient encore à collecter.

Depuis, la saison des pluies a favorisé l’écoulement des déchets restants, rendant complexes les opérations de dépollution restantes, et continuant de menacer les populations locales selon certains experts. Sur la quinzaine de sites contaminés, au moins quatre attendent toujours d’être dépollués : Djibi village, Abobo N’Dotré (nord), la décharge des ordures ménagères d’Akouédo (ouest) et la zone industrielle de Vridi (sud).

Selon les autorités ivoiriennes, la pollution a entraîné la mort d’au moins 15 personnes et intoxiqué plus de 100.000 autres.

En février, Trafigura et l’Etat ivoirien se sont mis d’accord : en échange de la libération de deux de ses cadres emprisonnés à Abidjan et de l’abandon des poursuites judiciaires entamées contre elle en Côte d’Ivoire, la première a versé près de 152 millions d’euros au second. Elle s’est également engagée à financer le reste de la dépollution, confiée à l’équipe d’experts arrivée sur place lundi.

Accusé de laxisme et de complicité dans le déversement des déchets du Probo Koala, l’Etat s’est attiré le courroux des associations de victimes en s’octroyant d’abord plus des deux tiers de l’argent versé par Trafigura, puis en publiant une liste, selon elles largement erronée, de 95.000 bénéficiaires.

Le 29 juin, les autorités ont entamé la distribution de cet argent comme prévu, en dépit de manifestations sporadiques des associations de victimes, dispersées à chaque tentative par les forces de police. Samedi, elles ont annoncé avoir indemnisé plus de 29.000 victimes pour un montant de 6,5 milliards de FCFA (9,1 millions d’euros).

L’affaire se poursuit par ailleurs sur le terrain judiciaire en Europe, notamment à Londres, où un cabinet d’avocats a porté plainte contre Trafigura au nom de près de 5.000 victimes ivoiriennes.

Trafigura jure avoir « respecté toutes les procédures requises » et estime que les déchets du Probo Koala « n’ont pas pu causer les préjudices de grande ampleur, et encore moins les décès qu’on leur attribue », écrivent ses avocats dans un résumé de leur « ligne de défense » dont l’AFP s’est procuré une copie.

Les avocats des victimes accusent de leur côté Trafigura d’avoir violé les règles internationales sur le transport de déchets toxiques, de les avoir déchargés en sachant qu’Abidjan n’était pas équipée pour les traiter, et estiment que les décès et intoxications en chaîne sont incontestables.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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