Brésil : un ancien proche de Lula inculpé dans le scandale des pots-de-vins

Mardi 28 août 2007

28/08/2007 19:41

BRASILIA (AFP) - Brésil : un ancien proche de Lula inculpé dans le scandale des pots-de-vins

La Cour suprême du Brésil a inculpé José Dirceu, ancien homme fort du premier gouvernement Lula, et plus de trente hommes politiques, publicitaires et banquiers dans le scandale des pots-de-vin versés en 2003 et 2004 à des partis et à des élus pour obtenir leur soutien.

En inculpant à l’unanimité lundi M. Dirceu de « corruption active », la plus haute instance judiciaire du Brésil a suivi le procureur général Antonio Fernando de Souza selon qui l’ex-ministre en charge du cabinet du président Lula « dirigeait le schéma destiné à obtenir de manière illicite l’appui d’autres partis politiques pour constituer une base de soutien au gouvernement ».

La Cour, qui siège depuis la semaine dernière, poursuivait mardi ses travaux en examinant notamment l’accusation « d’association de malfaiteurs » portée contre plusieurs inculpés.

Le scandale des pots-de-vin avait ébranlé le premier mandat du président Luiz Inacio Lula da Silva en juin 2005 et conduit José Dirceu à démissionner du gouvernement.

M. Dirceu avait présidé le Parti des travailleurs (PT) de Lula entre 1995 et 2002 et joué un rôle-clé dans sa première victoire à l’élection présidentielle en octobre 2002. Après sa démission du gouvernement, il avait été privé de son mandat de député par le Parlement.

La Cour a également inculpé de corruption active deux autres anciens dirigeants du PT, José Genoino, ex-président du parti, et Delubio Soares, ex-trésorier.

Deux anciens ministres avaient été inculpés la semaine dernière : Luiz Gushiken, membre du PT, ex-ministre de la Communication, pour prévarication, et Anderson Adauto, membre de l’ex-parti libéral.

Selon le ministère public, entre 2003 et 2004, au moins 55 millions de reals (environ 20,3 millions d’euros au taux actuel) ont transité de manière illégale par deux banques, Banco Rural et Banco do Minas Gerais, pour assurer le paiement de pots-de-vin.

Le publicitaire Marcos Valério, considéré comme l’opérateur financier du système, a été inculpé pour corruption active, prévarication et blanchiment d’argent.

La Cour suprême a également inculpé pour corruption passive Roberto Jefferson, qui a avit été à l’origine de la révélation du scandale en juin 2005.

Cet ancien député du Parti travailliste brésilien (PTB), allié du gouvernement Lula, avait reconnu avoir reçu 4 millions de réals (1,4 million d’euros) en espèces de la part du PT pour le soutien de son parti au gouvernement.

Parmi les inculpés figurent également 12 dirigeants des quatre partis politiques soupçonnés d’avoir bénéficié des pots-de-vin, le PTB de Jefferson, l’ex-parti libéral (PL, droite, devenu parti républicain), le parti progressiste (PP, droite) et le Parti du mouvement de la démocratie brésilienne (PMDB, centre).

Le chef de l’Etat brésilien n’est pas mentionné dans le rapport du procureur. En août 2005, le président Lula avait présenté ses « excuses » au peuple brésilien pour le scandale, tout en assurant qu’il n’avait pas connaissance du réseau et qu’il avait été « trahi », sans préciser par qui.

L’un des membres de la Cour suprême, le juge Marco Aurelio de Mello, a estimé que la « société voit à travers cette décision que la loi vaut vraiment pour tous et que les institutions nationales fonctionnent ».

La presse soulignait mardi que la majorité des membres de la Cour suprême ont été désignés par le président Lula.

Selon un commentateur du journal O Globo, ces inculpations éloignent l’hypothèse qu’il y ait eu « une conspiration de la presse contre le PT » et que les accusations aient été « le fruit de l’imagination fertile des ennemis politiques du gouvernement ».

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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