Les leçons africaines des Pandora Papers

Lundi 18 octobre 2021

Afrique

Les leçons africaines des Pandora Papers

OPINION. Le continent supporte tous les maux de l’économie offshore mondiale sans bénéficier des avantages douteux que d’autres en ont tirés, écrit Ricardo Soares de Oliveira, professeur à Oxford et spécialiste des industries extractives et de la finance en Afrique

Par Ricardo Soares de Oliveira, professeur de sciences politiques à l’Université d’Oxford et qui co-dirige la revue African Affairs. Publié jeudi 14 octobre 2021 à 11:03 Modifié jeudi 14 octobre 2021 à 11:03

Il y a une forte composante africaine dans l’enquête mondiale des Pandora Papers, la dernière et la plus ambitieuse menée à ce jour par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) pour tenter de percer institutions et techniques financières offshore conçues pour assurer le secret, la protection des actifs et l’exonération fiscale des élites mondiales. Sur les 600 journalistes impliqués dans l’opération, 53 étaient Africains, travaillant dans 18 pays. Ils ont contribué à ces révélations, souvent au péril de leur vie. Leurs recherches montrent que des dizaines d’hommes politiques, d’hommes d’affaires et de membres de leurs familles possèdent d’importants avoirs offshore.

[…] Les révélations concernant l’élite politique africaine ne constituent généralement pas de véritables surprises. De nombreuses rumeurs circulaient sur les fortunes à l’étranger de plusieurs hommes politiques, à tel point que les citoyens les considéraient comme un fait établi. Certains, comme le président congolais Dennis Sassou-Nguesso, ont récemment fait l’objet d’enquêtes accablantes. D’autres recherches ont montré des corrélations significatives entre l’aide étrangère et les sorties de capitaux, ainsi que les dommages économiques causés par la fuite des capitaux hors d’Afrique.

Quatre leçons à tirer

Mais il y a une différence fondamentale entre les ouï-dire et les spéculations sur un sujet exceptionnellement pauvre en données et les preuves fiables dont nous disposons aujourd’hui. Avec d’autres fuites majeures depuis les Panama Papers de l’ICIJ en 2016, les Pandora Papers dressent un tableau précis des mécanismes réels conçus pour siphonner et cacher les richesses africaines. A ce stade, nous pouvons tirer quatre leçons des Pandora Papers qui sont importantes pour l’Afrique. La première est que le continent est désormais pleinement intégré dans l’économie mondiale offshore. Il s’agit bien sûr d’une dynamique négative pour son développement, car les capitaux dont elle a tant besoin fuient vers d’autres parties de l’économie mondiale. Mais cette évolution met un terme à l’illusion que la mondialisation financière a en quelque sorte contourné le continent. Lire la suite.

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