Les déchets toxiques font le tour du monde

Jeudi 16 août 2007 — Dernier ajout mercredi 5 septembre 2007

Economie

MONDIALISATION • Les déchets toxiques font le tour du monde

Du plomb a été découvert dans des bijoux fantaisie importés aux Etats-Unis. Il provient de vieux ordinateurs occidentaux recyclés par les Chinois.

Extraits de l’article du The Wall Street Journal publié sur le site du magazine Courier International :

Liu Mouye, propriétaire de l’usine d’alliages Yiwu Yinning, explique qu’une partie de l’alliage de plomb qu’elle vend aux bijoutiers de la région de Yiwu, dans l’est de la province du Shandong, l’un des principaux centres d’exportation de produits chinois bon marché, provient de déchets électroniques arrivés d’Occident par bateau dans le sud du pays.

Le plomb suit généralement le circuit suivant : les consommateurs et les entreprises américains envoient leur matériel électronique usagé à des sociétés de recyclage, qui le revendent à des marchands établis aux Etats-Unis. A leur tour, ces derniers le cèdent à des négociants en Chine. Des entreprises leur rachètent ces déchets pour récupérer les matériaux revendables – et jettent souvent au passage des composants toxiques, aggravant ainsi la pollution locale. Elles vendent ensuite le plomb à des usines d’alliages comme celle de Mme Liu, qui fournissent les ateliers de fabrication chinois. Le plomb se retrouve ainsi – parfois à des concentrations toxiques – dans des articles bon marché vendus aux Etats-Unis.

Ce problème du ‘retour à l’envoyeur’ est vraiment crucial”, estime Ted Smith, fondateur de la Silicon Valley Toxics Coalition, une association installée à San Jose, en Californie, qui étudie l’impact environnemental du secteur des hautes technologies. L’ironie de l’histoire, souligne-t-il, est que beaucoup des produits électroniques consommés aux Etats-Unis sont fabriqués en Chine.

Pas d’autre solution pour offrir des prix très bas

Ils soulignent que leurs clients savent parfaitement ce qu’ils achètent, ajoutant qu’ils n’ont d’autre choix que d’utiliser du plomb pour offrir les prix très bas qu’exigent les acheteurs étrangers. Wang Xubin, propriétaire de Xu Lin Decorative, s’est spécialisé dans la confection de bijoux de fantaisie pour adolescents. Sa matière première préférée : un alliage métallique qui, de son propre aveu, contient pas moins de 70 % à 80 % de plomb. “Nous faisons ce que veulent nos clients. S’ils nous demandent des produits sans plomb, nous pouvons également le faire, assure M. Wang. Mais, quand ils voient ce que cela coûterait d’abaisser la teneur en plomb, beaucoup d’Américains renoncent.”

Certains importateurs, en revanche, déplorent qu’il soit parfois très difficile de contrôler la qualité des produits chinois. Myles Marks, de chez DM Merchandising, une entreprise établie dans l’Illinois, raconte ainsi que sa société a multiplié les contrôles après que les autorités ont découvert que certains bracelets fabriqués en Chine contenaient du plomb, ce qu’elle ignorait. “Nous avons dû tester et retester trois ou quatre fois certains articles, explique M. Marks. C’est un travail colossal, et cela revient très cher.”

Pour ne rien arranger, poursuit-il, il arrive que les fournisseurs chinois lui fassent le coup du bonneteau, décrochant un contrat avec un produit conforme aux spécifications de l’importateur, pour ensuite fabriquer en série des articles avec une matière première meilleur marché et bourrée de plomb. Mais, si de nombreuses entreprises expriment volontiers leur mécontentement, très peu sont prêtes à révéler publiquement le nom de leurs fournisseurs chinois. Et DM Merchandising ne déroge pas à la règle.

Lire la suite de l’article sur le site du magazine Courrier International.

The Wall Street Journal / Gordon Fairclough, avec Vauhini Vara à San Francisco et Ellen Zhu à Shanghai.

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