30/10/2007 20:35
PARIS (AFP) - Tennis à Bercy : matches truqués, témoignages et scepticisme
Après Arnaud Clément la veille, un autre joueur français, Michaël Llodra, a avoué avoir été approché pour laisser filer un match, mais, comme son partenaire de double, il estime qu’il est presque impossible de détecter un joueur en train de « balancer » un match.
« J’ai été appelé une fois il y a quatre ans dans ma chambre d’hôtel pour me demander si je voulais jouer relax le lendemain, a raconté le Français, 80e à l’ATP. A l’époque ce n’était pas un phénomène d’actualité, alors j’ai pensé qu’on était en train de me +faire une connerie+. J’ai dit +non, non et j’ai raccroché+. »
Ce témoignage rejoint celui de son copain et partenaire de double Arnaud Clément qui, la veille, avait avoué des contacts dans ce sens. Interrogés en marge du tournoi de Paris-Bercy, d’autres joueurs français (Mathieu, Santoro, Mahut et Tsonga) ont en revanche assuré ne jamais y avoir été confronté.
« On sent que beaucoup de gens ont été approchés, a pourtant insisté Llodra. On en parle beaucoup sur le circuit. Mais je ne crois pas non plus qu’il faille faire l’amalgame. Dans tous les sports il y a des choses qui ne sont pas très claires. Partout où il y a de l’argent, il y a des gens malhonnêtes qui sont là pour en tirer profit. »
Si les langues continuent à se délier depuis plusieurs semaines et que les témoignages affluent désormais presque quotidiennement, les joueurs se montrent en revanche sceptiques quant aux moyens mis en œuvre pour endiguer le phénomène.
Ainsi l’initiative de faire observer les matches à Bercy par d’anciens joueurs de Coupe Davis et des superviseurs de l’ATP pour déceler d’éventuels comportements louches n’emballe guère Llodra et Clément.
« Je ne crois pas qu’on va voir quelque chose, a souligné le premier. Si demain j’ai envie de perdre 6-3, 6-3, je peux vous assurer que personne ne le verra. »
Lundi, Clément avait également estimé que cette surveillance ne permettra pas de repérer les matches truqués. « Franchement, balancer un match peut arriver à tout le monde, moi le premier, a-t-il avoué. Généralement, je m’accorde un match ou deux par an quand je n’ai vraiment pas envie de me +dépouiller+. »
Mais là aussi, les avis peuvent diverger. « Bien sûr, pour nous, c’est facile de voir si un joueur balance un match », a estimé Paul-Henri Mathieu. De là à en conclure qu’il l’a fait dans le cadre des paris sportifs.
La semaine dernière, une affaire a fait beaucoup de bruit et a une nouvelle fois concerné Nikolay Davydenko, déjà dans le collimateur de l’ATP après une défaite controversée à Sopot en juillet.
Vendredi, le Russe, 4e joueur mondial, a écopé d’une amende de 2000 dollars pour « manque de combativité » après sa défaite au deuxième tour de Saint-Pétersbourg. Cette règle appelée « No best efforts » par l’ATP est très rarement appliquée à cause de son caractère aléatoire et subjectif.
En clair, elle accuse le joueur d’avoir laissé filer la partie. Ce qui, dans le cas de Davydenko, a provoqué la réaction outrée de l’intéressé, « choqué d’entendre ces insinuations inadmissibles ».
A-t-il été acheté ou était-il fatigué, démotivé ou tout simplement moins fort ce jour-là ? Difficile à dire. Impossible même, affirment Clément et Llodra.
© AFP
Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.
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