17 septembre 2023 Épisode n° 1 Les épisodes Texte Alex Canneçu, Simon Cherner, Amélie Com et Alexandra Senigou Photo Sipa Édité par Lucile Sourdès-Cadiou
Un hôtel particulier à deux pas de l’Élysée. Le bâtiment est barré d’une haute grille, finement ouvragée. Farouchement dissuasive aussi. Comme si ça ne suffisait pas, un panneau noir occulte les interstices du grillage. Impossible d’entrevoir quoique ce soit depuis la rue de la Boétie, dans le VIIIe arrondissement de Paris. C’est au 57 que la famille Wildenstein a installé le siège de son empire, aujourd’hui occupé par le Wildenstein Plattner Institute. Ce quartier de pouvoir et de luxe semble parfaitement s’accorder avec le prestige de cette adresse renommée pour son expertise en matière d’authentification des œuvres d’art. Le nom de Wildenstein jouit en effet d’une réputation considérable dans le cercle des collectionneurs. Il est une référence dans le marché de l’art, qui se tourne vers lui pour fixer le cours et la valeur artistique de peintres tels que Monet, Manet, mais aussi Van Gogh ou Picasso. Pourtant, aujourd’hui, les héritiers de la dynastie sont dans la tourmente.
Guy Wildenstein, son ex-belle-sœur Liouba et son neveu Alec Jr. sont renvoyés devant la cour d’appel de Paris à partir de ce lundi 18 septembre pour un troisième et ultime procès pour fraude fiscale. La justice leur reproche d’avoir caché la plus grande partie de la fortune familiale, à la suite du décès en 2001 du père de Guy, Daniel. Le fisc réclame à la famille la somme record de 550 millions d’euros – le plus gros redressement fiscal de l’histoire de la justice française. Les Wildenstein contestent les faits. Les trois héritiers ont d’ailleurs été blanchis de ces accusations, en première instance en 2017 puis en appel en 2018. Fait très rare, la Cour de cassation a par la suite annulé une seconde fois la relaxe prononcée en 2021. Selon la décision de la juridiction suprême, la cour d’appel a eu tort de « retenir l’absence de toute obligation de déclarer, lors d’une succession, des biens placés dans un trust » – ouvrant la voie à ce nouveau procès. L’affaire dure depuis plus de vingt ans et cette audience judiciaire devrait une nouvelle fois dévoiler les entrailles de la comptabilité familiale.
Ils ont à leur disposition une armée d’avocats et même s’ils sont condamnés à payer des millions aux impôts, ils seront toujours milliardaires. Ils ont conservé leurs richesses grâce aux trusts. Claude Dumont Beghi, avocate
« Avocate des successions impossibles » selon ses mots, Claude Dumont Beghi a travaillé sept ans sur le dossier. La juriste a notamment défendu Ali Bongo dans la succession de son père, l’ancien président du Gabon Omar Bongo. Dans son livre Lire la suite.