Le Monde Afrique Mali
Le Mali reproche à la France un « abandon en plein vol » dans la lutte antidjihadiste au Sahel
Le premier ministre déplore un « manque de concertation » dans la décision de Paris de réorganiser l’opération Barkhane. Le pays semble à présent se tourner vers Moscou, par l’intermédiaire de la société paramilitaire russe Wagner.
Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 00h47, mis à jour à 01h24
Le premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga a chargé la France, samedi 25 septembre, devant les Nations unies (ONU), après la décision de Paris de retirer la force Barkhane du pays.
[…] Le groupe Wagner en embuscade
Peu avant, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait confirmé que Bamako avait approché « des sociétés privées russes », lors d’une conférence de presse à l’ONU, tout en assurant que cela ne concernait en rien le gouvernement russe. La France et l’Union européenne se sont inquiétées de cette orientation du Mali auprès de la Russie au cours d’échanges à New York, a indiqué Sergueï Lavrov.
« Les autorités maliennes se sont tournées vers une société militaire privée russe parce que, si je comprends bien, la France veut réduire significativement ses forces militaires qui devaient combattre les terroristes à Kidal », a dit le ministre russe. Les Français « n’y sont pas arrivés et les terroristes continuent de régner dans cette région », a-t-il ajouté dans une pique à l’égard de Barkhane.
« Tout cela se fait sur une base légitime », entre un « gouvernement légitime, reconnu par tous » et des entités qui « fournissent des services à travers des spécialistes étrangers », a-t-il fait valoir. « Nous n’avons rien à voir avec cela », a-t-il encore martelé, la Russie démentant systématiquement que des sociétés paramilitaires privées russes lui soient subordonnées.
Présent, entre autres, en Libye et en Centrafrique, où il est accusé d’exactions depuis le printemps, le groupe Wagner fournit des services de maintenance d’équipements militaires et de formation ? mais est également accusé de mercenariat et suspecté d’appartenir à un homme d’affaires proche du Kremlin, Evguéni Prigojine. Il est soupçonné, notamment par Paris, d’agir pour le compte du Kremlin là où ce dernier ne veut pas apparaître officiellement.
« Au niveau gouvernemental, la Russie contribue aux capacités de défense militaires du Mali », a aussi affirmé Sergueï Lavrov, évoquant la fourniture d’« équipements militaires techniques ». Et d’estimer : « Ce serait mieux de synchroniser l’action de l’Union européenne et de la Russie dans la lutte contre le terrorisme, non seulement au Mali mais aussi dans la région du Sahel et du Sahara ». Lire la suite.