« La cocaïne représente une menace pour les démocraties européennes »
ENTRETIEN. La hausse du trafic de cocaïne vers l’Europe fragilise les institutions politiques, selon Sjoerd Top, chef du renseignement maritime pour les stupéfiants.
Par Julien Peyron Publié le 27/11/2022 à 17h00 - Modifié le 27/11/2022 à 16h59
La cocaïne sud-américaine a longtemps eu pour principale destination les États-Unis. Mais l’Amérique délaisse de plus en plus la poudre colombienne, bolivienne ou péruvienne au profit des opiacés, responsables eux aussi d’importants dégâts sur le plan sanitaire. Les vendeurs de coke se sont alors lancés à la recherche de nouveaux clients… et ils les ont trouvés en Europe. Le Vieux Continent reçoit désormais la majeure partie de la drogue produite dans les champs de coca. Anvers, Rotterdam, Hambourg, Le Havre… une avalanche de poudre s’est abattue sur les principaux ports européens, comme le montre le dossier que Le Point consacre au phénomène.
Directeur du Centre opérationnel d’analyse du renseignement maritime pour les stupéfiants (Maoc-N), qui regroupe six pays de l’UE (Irlande, Pays-Bas, Espagne, Italie, Portugal, France) et le Royaume-Uni, Sjoerd Top est en première ligne dans la lutte contre ce trafic transatlantique. Depuis Lisbonne, où est basé le Maoc-N, il met en garde contre une forme de banalisation et rappelle que la cocaïne apporte son lot de violence et de corruption. Entretien.
[…] Quelles sont les principales routes de la drogue vers l’Europe ?
Le gros de la cocaïne arrive par bateau directement d’Amérique du Sud, dans des conteneurs ou à bord de navires non commerciaux, comme des chalutiers ou des bateaux de plaisance. Mais depuis trois, quatre ans, on note que beaucoup de chargements passent désormais par le golfe de Guinée avant d’arriver sur les côtes européennes. Lire la suite.