Elf et l’axe Mitterrand - Kohl
Extrait de l’article : France : Affaire Elf, les condamnations révèlent la corruption aux plus hauts niveaux de l’Etat.
Par Antoine Lerougetel 25 Novembre 2003
Il facilita aussi l’amitié politique de Mitterrand avec le Chancelier conservateur allemand, Helmut Kohl avec la transaction secrète Leuna-Minol, qui avait pour but de donner un coup de pouce à l’influence politique du chancelier. Pour reprendre les paroles du juge Desplan, ce projet ’comportait un enjeu politique majeur :renforcer l’union franco-allemande. (…) On a l’impression que Leuna était un canard très, très boiteux et que la France s’est en quelque sorte dévouée’.
Dans cette transaction, Elf racheta la raffinerie est-allemande Leuna qui battait de l’aile et le réseau de distribution Minol, pour rendre service à Kohl que l’effondrement imminent de ces industries dans l’Allemagne unifiée embarrassait. Pour citer encore une fois le juge Desplan, Elf était censée verser ’la plus importante des commissions que le tribunal ait à juger’, en trois versements : 256 millions de francs, puis 13 millions de francs en décembre 1992 et 13 millions de marks en 1993. Ces montants trouveraient leur justification dans la nécessité pour la compagnie pétrolière d’obtenir de Bruxelles, de Bonn et des différents länder allemands une subvention de deux milliards de marks sans laquelle l’investissement total évalué à six milliards de marks, ne serait pas viable économiquement. ’On appelle cela du ’lobbying’, un mot délicat pour parler de corruption, car comme le dit Alfred Sirven, ’le lobbying sans argent, ça n’existe pas’. (Le Monde, 30 avril 2003)
Il expliqua que ’dans cette affaire il fallait avoir accès à un certain nombre de hautes personnalités de ce pays. J’ai reçu ordre de les financer. Je me souviens de deux ministres allemands et de la société SISIE, dirigée par Mme Edith Cresson (Ancien premier ministre socialiste français 1991-1992) - cette dernière a été rémunérée à hauteur de trois millions de francs, mais elle n’est pas poursuivie dans cette procédure.’ ’ Qui vous a donné l’instruction ?’ demanda M. Desplan. ’Le président Le Floch’ répliqua M. Sirven.
Sirven avait engagé les services de Pierre Léthier, colonel retraité des renseignements qui reçut une commission de 96 millions de francs et lui-même travailla avec Dieter Holtzer, homme d’affaires et figure familière des milieux politiques allemands, qui fut rémunéré à hauteur de160 millions de francs pour ses efforts. Impliqué dans l’affaire il y avait aussi Holger Pfahls, aujourd’hui porté disparu, ancien secrétaire d’Etat à la défense et membre du parti conservateur CDU (Union démocrate chrétienne), parti de l’ancien chancelier Kohl. Lire la suite.