Arcadi Gaydamak, repreneur trouble de « France Soir »
Médias
Le milliardaire d’origine russe serait mêlé à un trafic d’armes avec l’Angola.
Par Olivier COSTEMALLE
mercredi 15 mars 2006
Pauvre France Soir. Le quotidien de Pierre Lazareff ne méritait pas cette descente aux enfers, de plan de relance en plan social, de repreneur fantôme en actionnaire inconsistant. Dernier coup de théâtre en date : un homme d’affaires d’origine russe, Arcadi Gaydamak, a annoncé lundi soir avoir racheté le quotidien.
Gaydamak n’est pas un inconnu complet dans le monde de la presse : il détient Moscow News, un hebdomadaire russe. L’homme est également connu des milieux du sport : il a racheté le club de football Beitar Jérusalem et l’équipe de basket Hapoel Jérusalem. Mais, surtout, Gaydamak est connu en France pour ses démêlés avec la justice : il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé par deux juges parisiens qui le soupçonnent d’être impliqué dans un trafic d’armes avec l’Angola.
Ce repreneur surprise n’a pas suivi la procédure « normale » pour racheter le quotidien, en redressement judiciaire depuis le 31 octobre. Au lieu de présenter un dossier au tribunal de commerce de Lille, chargé de trancher entre les différents candidats à la reprise, il a acquis directement Montaigne Press, la société holding qui détient 70 % de France Soir (les 30 % restants appartiennent toujours à Poligrafici Editoriale, l’ex-propriétaire). Montaigne Press appartenait jusque-là à Raymond Lakah, ce qui en faisait le propriétaire de France Soir. De la tuyauterie financière, donc. Est-ce légal ? Oui, semble-t-il. Mais le dernier mot reviendra quand même au tribunal de commerce. Qui peut accepter le plan de continuation que Gaydamak affirme vouloir présenter, ou choisir un des quatre candidats à la reprise.
Hier, le comité d’entreprise de France Soir a donné la préférence, la mort dans l’âme, au projet de Jean-Raphaël Fernandez, un homme d’affaires marseillais. Il est celui qui propose de reprendre le plus de salariés (65 sur 118). Faute d’informations précises sur sa situation et ses intentions, les élus du CE n’ont même pas évoqué le cas Gaydamak.
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