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Corruption. Dubaï, paradis immobilier pour l’argent sale du monde entier
Les appartements et villas de luxe dont Dubaï s’est fait une spécialité font le bonheur de trafiquants, hommes d’affaires véreux et anciens responsables politiques corrompus. Un récent rapport américain pointe l’ampleur du phénomène.
Publié hier à 17h53
“Le marché immobilier de Dubaï est un refuge pour des kleptocrates internationaux, le crime organisé transnational et un large spectre d’autres acteurs illicites – de trafiquants de drogues aux oligarques russes”, rapporte le quotidien britannique The Independent, en citant un récent rapport de Center for Advanced Defense Studies (C4ADS), un groupe de réflexion composé d’anciens militaires et d’universitaires américains, rendu public dans le cadre de l’enquête journalistique “Dubai Uncovered”.
Aussi bien un “homme d’affaires russe associé au seigneur de guerre tchétchène Ramzan Kadyrov”, qu’un “chef de réseau criminel irlandais impliqué dans le trafic de cocaïne”, un ancien Premier ministre bulgare accusé de corruption, ou encore le baron de la pègre turque Sedat Peker, tous sont attirés par la possibilité d’y placer leurs capitaux dans des biens immobiliers de luxe, grâce au “haut niveau d’opacité” et aux “failles dans l’application” des lois.
“Différents paradis fiscaux offrent différents services”, explique à ce propos l’universitaire norvégienne Annette Alstadsæter, toujours selon The Independent. La plupart permettent de “domicilier des entreprises boîtes aux lettres, pour camoufler des activités situées ailleurs”.
L’afflux d’argent s’est accéléré depuis la guerre en Ukraine
Mais Dubaï permet surtout de se servir des richesses acquises illégalement, en les convertissant en appartements et villas de luxe. Il y a quelques années déjà, souligne le journal, 81 propriétés d’une valeur de plus de 107 millions de dollars (un peu plus de 100 millions d’euros) avaient été identifiées comme étant en lien avec des personnes sous sanctions pénales.
L’afflux d’argent sale, ou de provenance douteuse, s’est accéléré depuis l’invasion russe de l’Ukraine. Plusieurs oligarques russes ont également transféré leurs yachts des ports de plaisance européens vers les Émirats pour éviter une saisie.
Avec à peine 3,5 millions d’habitants, dont seulement quelque 5 % de nationaux, Dubaï abrite pourtant près de 3 % du marché mondial de l’immobilier offshore. Officiellement, les étrangers ne peuvent y devenir propriétaires, mais ils le sont de facto, par le biais d’un droit de jouissance de quatre-vingt-dix-neuf ans.
Courrier international