Décision « cotonneuse » dans l’affaire Dulcie September

Mercredi 14 décembre 2022

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Décision « cotonneuse » dans l’affaire Dulcie September

Mercredi, le tribunal de Paris a débouté de ses demandes la famille de la militante sud-africaine assassinée en 1988 à Paris. Celle-ci avait porté plainte contre l’État pour « faute lourde » et « déni de justice ».

Publié le Mercredi 14 Décembre 2022 Rosa Moussaoui

Ses amis, sa famille, ses camarades restent hantés, bientôt trente ans après son assassinat, par les mêmes questions lancinantes : qui l’a tuée et pourquoi ? Le 16 novembre, au tribunal de Paris, la justice française consacrait pour la première fois une audience publique à l’affaire Dulcie September, la représentante de l’ANC assassinée à Paris le 29 mars 1988 de six balles de calibre 22 tirées à bout portant, à la porte des bureaux qu’occupait alors le mouvement de libération, au 28, rue des Petites-Écuries. Tardivement ouverte, l’instruction judiciaire, à l’époque, s’était étirée en une enquête bâclée, entre fausses pistes et tueurs évanouis dans la nature, complicités des services secrets français et désinformation orchestrée depuis le ministère de l’Intérieur, où Charles Pasqua était secondé par Robert Pandraud – le lobby sud-africain organisant le contournement des sanctions onusiennes contre le régime d’apartheid trouvait alors jusque dans l’appareil d’État ses relais, recrutés pour certains dans les rangs d’une extrême droite colonialiste décomplexée.

Un crime d’État

Cet assassinat portait bien la marque d’un crime d’État impliquant mercenaires et marchands d’armes, tortionnaires du régime raciste de Pretoria et conseillers ministériels français venus des rangs de l’OAS.

[…] La décision rendue hier déboute la famille Arendse de ses demandes, écarte toute défaillance de l’État et valide les arguments de celui-ci sur les délais de prescription, l’autorité de la chose jugée et la non-rétroactivité de la loi de 2013 reconnaissant le crime d’apartheid comme crime contre l’humanité. « Ce jugement cotonneux trahit un grand embarras, estime Me Laurin. On nous propose finalement de saisir un juge d’instruction, comme s’il s’agissait d’une simple affaire de droit commun. » Lire la suite.

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