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Plusieurs îles digèrent mal la chasse aux paradis fiscaux du G-20
AP | 04.04.2009 | 04:53
Plus de 400.000 sociétés partagent les rares adresses de cette petite île, Tortola, centre financier des Caraïbes. Leurs déclarations de sociétés tiennent dans un seul immeuble gris de deux étages.
La grande majorité des sociétés qui déclarent leur siège ici n’ont aucun employé dans les Iles Vierges britanniques. Toutes ont leur activité ailleurs, mais évitent ainsi de payer des impôts dans leur pays d’origine.
Tortola a volontiers accueilli leurs entreprises, qui fournissent au gouvernement plus de la moitié de ses revenus. C’est une des îles les plus prospères des Caraïbes.
Une somme estimée à 7.300 milliards de dollars (5.412 milliards d’euros) est dissimulée dans les paradis fiscaux du monde entier par des sociétés et de riches particuliers qui placent ainsi leurs opérations à l’abris, en diminuant la pression fiscale.
Mais ces paradis fiscaux sont maintenant plus que jamais dans le collimateur.
Les dirigeants du G-20 ont averti à Londres que les pays qui refuseront de communiquer avec leurs services fiscaux risquent de sévères représailles. Avec la crise financière, les pays les plus riches du monde ne veulent plus tolérer d’opérations douteuses réalisées offshore.
Certains paradis capitalisent sur leur silence. D’autres, comme les Iles Vierges, inscrivent sur leurs livres des sociétés qui pourront ainsi prétendre qu’elles y sont implantées, évitant les impôts sur les sociétés dans les pays qui sont réellement au cœur de leur activité.
Les montants impliqués dans ce jeu de coquilles vides sont considérables. Entre 30 et 40% du commerce mondial est rattaché ailleurs que dans le pays où il a vraiment lieu, d’après le réseau Tax Justice Network basé à Londres.
Pour les seuls Etats-Unis, 100 milliards de dollars de revenus fiscaux sont perdus chaque année offshore, d’après le sénateur Carl Levin qui a soutenu deux textes de lois visant à combattre ces refuges. Environ 7.300 milliards de dollars (5.412 milliards d’euros) circulent en passant par les paradis fiscaux, d’après le Boston Consulting Group.
Aux Iles Vierges, les sociétés se font enregistrer à la commission des services financiers, dans une petite rue discrète près d’un magasin de fournitures de bureaux. Une plaque en façade annonce la couleur : « Vigilance, intégrité, responsabilité ».
Le gouvernement affirme qu’il coopère aux enquêtes sur le blanchiment, mais dispose de peu d’informations à communiquer : les sociétés inscrites ici ne sont pas obligées d’y transporter leurs registres financiers. De plus, les formalités d’inscription dispensent les sociétés hébergées de déclarer le nom de leurs dirigeants ou principaux actionnaires.
C’est ainsi que les Iles Vierges britanniques sont devenues une des principales destinations des sociétés mondiales, avec le Delaware aux Etats-Unis. « Eviter de payer des impôts est parfaitement légal, mais les gouvernements ont une soif d’argent insatiable, et c’est le problème », estime un avocat implanté ici, Richard Peters.
L’OCDE voit les choses autrement. Les Iles Vierges ne donnent pas suffisamment de renseignements aux inspecteurs des impôts des autres pays. C’est pourquoi elles ont été placées sur la liste grise des paradis fiscaux, parmi les pays qui ne font pas suffisamment d’efforts de transparence.
Aux Iles Vierges britanniques, 24.000 personnes redoutent de perdre la manne qui a financé leurs hôpitaux et leurs écoles.
AP
Publié avec l’aimable autorisation de l’Associated Press.
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