Une étude montre les liens entre paradis fiscaux et dégradation environnementale
Une étude montre que la pêche illégale et la déforestation en Amazonie sont associées à des pays aux systèmes financiers opaques.
LE MONDE | 13.08.2018 à 19h17 | Par Pierre Le Hir
Les « Panama Papers » et autres « Paradise Papers » - ces fuites de documents confidentiels qui, passés au crible par le Consortium international des journalistes d’investigation, ont, en 2016 et 2017, braqué les projecteurs sur le système tentaculaire des sociétés offshore et des paradis fiscaux - ont surtout été analysés sous l’angle économique, politique ou social. Mais leurs possibles implications environnementales sont restées dans l’ombre. C’est sur ce volet qu’une étude, publiée lundi 13 août dans la revue Nature Ecology & Evolution, apporte un éclairage inédit.
Ce travail a été mené par des chercheurs de l’Université de Stockholm (Suède), de l’Académie royale des sciences de Suède et de l’Université d’Amsterdam (Pays-Bas), sous la direction de Victor Galaz, directeur adjoint du Stockholm Resilience Centre. Ils se sont intéressés à des activités économiques prédatrices de ressources naturelles. D’une part, la pêche industrielle qui, à l’échelle mondiale, épuise les stocks de poissons. D’autre part, les filières du soja et de la viande de bœuf qui, au Brésil, contribuent massivement à la déforestation de l’Amazonie.
En consultant les données les plus récentes, datant de septembre 2017, de l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol), ainsi que les registres d’organismes régionaux, ils ont établi que sur 209 navires impliqués dans des activités de pêche illicite, non déclarée et non réglementée (« illegal, unreported and unregulated fishing » dans la terminologie onusienne et européenne), 70 % étaient enregistrés, ou l’avaient été, dans un pays répertorié comme un paradis fiscal. En tête de liste arrivent le Belize et la République du Panama, suivis de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, du Costa Rica, des Seychelles et de la Dominique.
Le nombre de bateaux concernés - un peu moins de 150 - peut paraître faible. Mais il est vraisemblable que le gros de la pêche illégale échappe à la surveillance d’Interpol et… Lire la suite.