L’Autriche, base arrière des proches de Ianoukovitch
Le Monde.fr | 24.02.2014 à 12h07 • Mis à jour le 24.02.2014 à 12h09 | Par Joëlle Stolz (Vienne, correspondante)
Mieux vaut tard que jamais : la brutalité de la répression à Kiev a enfin incité Vienne, accusée de fermer les yeux sur les affaires opaques des oligarques ukrainiens en Autriche, à renforcer la surveillance des comptes bancaires suspects.
Dans un entretien accordé au magazine Profil du 23 février – qui signale que, la semaine dernière, plusieurs jets privés en provenance d’Ukraine ont atterri à Vienne –, le ministre autrichien des affaires étrangères, Sebastian Kurz, confirme qu’il y a bien, en Autriche, « des capitaux ukrainiens ». Mais il prend soin d’ajouter que ce phénomène concerne aussi « beaucoup d’autres pays européens ».
En attendant qu’une éventuelle liste des personnes tombant sous le coup de sanctions soit établie à Bruxelles, les banques autrichiennes sont tenues, rappelle M. Kurz, de signaler immédiatement tout mouvement suspect à l’Autorité de surveillance des marchés financiers, qui peut bloquer des comptes.
Début février, des opposants ukrainiens ont manifesté, à Vienne, devant le siège de la banque Unicredit Bank Austria, soupçonnée de complaisance envers les proches de l’ancien président Viktor Ianoukovitch
[…] DESTINATION PRIVILÉGIÉE
Les oligarques ukrainiens ont trouvé, en Autriche, une terre accueillante, grâce au secret bancaire, que la précédente ministre des finances, Maria Fekter, membre, comme son successeur Michael Spindelegger, du parti démocrate-chrétien ÖVP, a défendu avec acharnement contre ses alliés de l’Union européenne. La certitude de pouvoir compter sur la discrétion des institutions financières, a ainsi fait de Vienne une destination privilégiée pour les riches originaires de l’ex-Union soviétique : depuis dix ans, on a vu se multiplier palaces et boutiques de luxe, où vendeuses et personnels parlent russe.
Le 21 janvier, l’antenne ukrainienne de l’ONG PEPWatch a adressé une lettre à l’Autorité autrichienne de surveillance des marchés financiers, la FMA, pour lui demander une enquête sur des opérations de blanchiment menées, selon elle, au profit de M. Ianoukovitch et de ses proches. Lire la suite sur le site du journal Le Monde.