Attentat de Karachi : les parties civiles reçues en France, 20 ans après les faits
Les juges antiterroristes français chargés de l’enquête sur l’attentat de Karachi, au Pakistan, qui a fait 15 morts, dont 11 Français en 2002, ont reçu vendredi à Paris les parties civiles, près de vingt ans après les faits.
Agence France-Presse 22 avril 2022 à 17h32
Les juges antiterroristes français chargés de l’enquête sur l’attentat de Karachi, au Pakistan, qui a fait 15 morts, dont 11 Français en 2002, ont reçu vendredi à Paris les parties civiles, près de vingt ans après les faits.
Lors de cette réunion à huis clos qui a duré environ deux heures au tribunal judiciaire de Paris, les magistrats ont informé la quarantaine de personnes présentes des actes accomplis dans cette information judiciaire, tant sur le volet proprement terroriste que sur celui de la sécurité.
Le 8 mai 2002, l’explosion d’un bus transportant des salariés de la Direction des constructions navales internationales (DCNI) à Karachi, la plus grande ville du Pakistan, faisait quinze morts, dont onze Français.
Après deux décennies, cet attentat n’a pas été élucidé et deux thèses s’affrontent.
L’attentat semble avoir été minutieusement préparé avec des moyens sophistiqués et la piste d’Al-Qaïda, qui n’a pourtant pas revendiqué l’attentat mais l’a approuvé, s’impose pour le premier magistrat antiterroriste saisi des faits, Jean-Louis Bruguière.
A partir de 2009, l’enquête de son successeur Marc Trevidic s’oriente vers l’hypothèse de représailles pakistanaises après l’arrêt des versements de commissions dans le cadre d’un contrat d’armement.
Un autre volet, initié par une plainte déposée par des victimes en 2012, concerne d’éventuelles négligences concernant la sécurité du personnel sur place, sans lesquelles l’attentat aurait peut-être pu être évité selon certaines parties civiles.
« On attend dans les semaines à venir des changements dans le dossier », a déclaré à l’issue de la réunion Gilles Sanson, une des victimes de l’attentat. « On ne sort pas avec le sentiment d’en voir le bout prochainement », a-t-il toutefois ajouté.
« On n’en voit pas le bout sur le volet terroriste, mais c’est normal, c’est un pays si lointain, si opaque », a nuancé son avocate, Me Marie Dosé, qui a par ailleurs salué « une nouvelle mobilisation » des magistrats sur le volet sécurité, qui pourrait évoluer rapidement et déboucher sur une disjonction et éventuellement un procès.
Selon l’avocate, les juges ont prévu de nouvelles investigations et de nouvelles auditions.
Pour les trois magistrats antiterroristes chargés de ce dossier, la piste des représailles à l’arrêt du versement des commissions est « toujours plausible et prioritaire », a de son côté indiqué Me Olivier Morice, qui défend six familles de victimes.
La dernière réunion d’information des parties civiles remontait à 2015, lorsque le juge Marc Trevidic avait reçu les familles de victimes avant de quitter son poste.