La gestion d’Air Lib au tribunal à partir de lundi

Vendredi 1er juin 2007

vendredi 1 juin 2007, 15h59

La gestion d’Air Lib au tribunal à partir de lundi

PARIS (AP) - Quatre ans après la liquidation judiciaire d’Air Lib, Jean-Charles Corbet, son ancien PDG, et six autres prévenus comparaissent à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Paris pour des malversations présumées ayant conduit la compagnie aérienne à la faillite et au licenciement de 3.200 personnes.

Les ennuis judiciaires d’Air Lib ont commencé en février 2003 avec l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris. En juillet, une commission d’enquête de l’Assemblée nationale épinglait sévèrement la gouvernance de l’ancien pilote Jean-Charles Corbet.

« Gestion opaque », avaient noté les députés avant d’estimer que M. Corbet était devenu, deux ans après la reprise de la compagnie aérienne, « incontestablement plus riche » avant de s’interroger sur « les vraies raisons » ayant conduit à la création de trois filiales à l’étranger : Holco Lux, Mermoz et Mermoz Aviation Ireland.

Le parquet devait ensuite ouvrir une information judiciaire qui a été confiée au juge d’instruction Renaud van Ruymbeke.

Ce dernier a ordonné en mars 2005 le renvoi devant le tribunal de M. Corbet, d’un potentiel repreneur d’Air Lib, l’homme d’affaires néerlandais Erik de Vlieger, d’Yves Leonzi, avocat de la société Holco, holding personnelle de M. Corbet, de la banque canadienne CIBC, en tant que personne morale, de l’ancien vice-président de la CIBC, David Mongeau, du consultant Pierre-Yves Moreau et de Christian Paris, un ancien pilote de ligne et syndicaliste.

L’instruction s’est notamment intéressée aux gratifications personnelles dont ont bénéficié les dirigeants d’Air Lib depuis juillet 2001, date à laquelle le tribunal de commerce de Créteil a confié la reprise de la compagnie à l’équipe de M. Corbet.

Dans son ordonnance de renvoi, le juge Van Ruymbeke a estimé que M. Corbet a détourné 5 millions d’euros des 150 millions versés par la Swissair lors de la reprise du groupe, en les versant à Holco, ainsi que 14 millions virés sur un compte au Luxembourg et pour partie utilisés à des fins personnelles.

Jean-Charles Corbet est ainsi poursuivi pour s’être octroyé un « golden hello », une prime d’arrivée, de 780.000 euros et pour avoir acheté un bijou d’une valeur de 153.000 euros à sa femme. Il est notamment mis en examen pour « abus de confiance » et « abus de biens sociaux ».

La banque canadienne CIBC, conseil de M. Corbet, a reçu plus de 8 millions d’euros d’honoraires et son avocat personnel, Me Leonzi, a également bénéficié d’honoraires généreux et injustifiés, selon l’accusation.

M. Corbet s’est pour sa part constitué partie civile dans le dossier puisqu’il a porté plainte contre Erik de Vlieger en l’accusant de ne pas avoir tenu ses engagements. L’homme d’affaires est mis en examen pour s’être rendu complice de l’abus de biens sociaux reprochés à M. Corbet.

Le juge Van Ruymbeke a obtenu au cours de l’enquête le rapatriement et la séquestration des fonds partis au Luxembourg, aux Pays-Bas et à Guernesey à hauteur de 11,6 millions d’euros, ainsi que du bijou offert à Mme Corbet.

En revanche, il a refusé la constitution de partie civile des salariés licenciés d’Air Lib au motif que leur perte d’emploi n’avait pas de lien direct avec les faits visés. Certains d’entre eux ont annoncé leur intention de poursuivre l’Etat pour faute lourde. Ils ont également prévu de manifester lundi à l’ouverture de l’audience.

Le procès est prévu pour durer jusqu’au 20 juin, les lundi et mardi toute la journée et les mercredi après-midi.

© AP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Associated Press.

Visitez le site de l’Associated Press.

Revenir en haut