Les îles anglo-normandes sont officiellement xénophobes
Pas question d’accueillir des réfugiés syriens dans les îles anglo-normandes, officiellement « en raison de l’islamophobie ambiante ».
De notre correspondant à Londres, Marc Roche Publié le 08/02/2016 à 06:12 | Le Point.fr
Jonathan Le Tocq ne fait pas dans le feutré. « Guernesey n’accueillera pas de réfugiés syriens. En raison de l’islamophobie ambiante, nous ne pouvons pas garantir leur sécurité ou leur stabilité », a déclaré ce week-end le Premier ministre de l’île anglo-normande de Guernesey. Le premier édile de ce paradis fiscal tranquille posé à quelques encablures de Cherbourg, suit en cela l’exemple de sa voisine, Jersey, qui a refusé la demande britannique de participer au « programme de relocation des personnes vulnérables », à savoir des migrants.
Pas de quotas de réfugiés
Aux côtés de l’îlot de Sercq, les deux territoires sont placés sous l’autorité de la couronne d’Angleterre. Mais si Londres assure la défense et les affaires étrangères des confettis de la Manche qui ne font pas partie de l’Union européenne, ils sont totalement autonomes en matière de politique intérieure ainsi que de contrôle bancaire et battent leur propre monnaie liée à la livre sterling.
[…] Les édiles de Saint-Hélier comme de Saint-Port-Pierre estiment que cet afflux potentiel ne peut que perturber la tranquillité d’un lieu qui respire la prospérité. La clémence du climat et les bas impôts attirent une population de retraités cossus, blancs et… chrétiens. Les insulaires de souche sont également méfiants des étrangers. Seule exception, les ressortissants portugais venus travailler dans les années 1950 et 1960 dans l’agriculture, un secteur aujourd’hui en plein déclin. Les deux gouvernements entendent préserver leur héritage anglo-normand, le patois et les patronymes issus du français et les coiffes et robes traditionnelles dans des paysages pittoresques dignes de la Bretagne du Nord.
Une honte au vu de l’histoire
Sur la question des réfugiés syriens, les îles anglo-normandes ont fait fi de leur longue tradition d’accueil des réfugiés, des huguenots chassés de France à Victor Hugo qui a passé quinze années de sa vie en exil à Guernesey, en passant par des exilés de la Première Guerre mondiale. « La déclaration de Le Tocq est honteuse au vu de notre histoire », a déclaré Eddie Pack, un responsable d’une ONG de Guernesey récoltant des fonds pour aider les réfugiés syriens. En effet, une véritable chape d’oubli et d’amnésie collective à propos de l’Occupation, entre 1940 et 1944, demeure dans les deux îles, seule partie de la Grande-Bretagne à tomber sous la botte des nazis. Lire la suite.