Le scandale fiscal au Liechtenstein pourrait faire tache d’huile en Europe

Lundi 25 février 2008 — Dernier ajout samedi 3 juin 2017

25/02/2008 13:18

GENEVE (AFP) - Le scandale fiscal au Liechtenstein pourrait faire tache d’huile en Europe

[illustration : Logos de la banque du Liechtenstein LGT Group - © 2008 AFP - Fabrice Coffrini]

Le scandale d’évasion fiscale qui ébranle les relations entre l’Allemagne et le Liechtenstein pourrait s’étendre à d’autres pays, la presse britannique soupçonnant une centaine de ses citoyens d’avoir dissimulé leur fortune à Vaduz.

La banque du Liechtenstein LGT Group a admis non seulement que des données volées en 2002 par l’un de ses employés s’étaient retrouvées entre les mains des autorités allemandes, mais aussi que « apparemment, le matériel volé aurait été illégalement révélé à d’autres autorités ».

Les regards se portaient lundi vers la Grande-Bretagne où, selon le quotidien Financial Times (FT) une centaine de Britanniques fortunés auraient dissimulé leur argent au Liechtenstein.

Un ancien employé de la LGT, le Liechtensteinois Heinrich Kieber, selon le nom révélé par la banque elle-même, a vendu aux services secrets de Berlin entre 4 et 5 millions d’euros des informations concernant les évadés fiscaux allemands clients de la LGT.

Londres aurait récemment usé du même stratagème pour connaître la liste de ses propres fraudeurs.

Ces dernières semaines, la Grande-Bretagne aurait acquis contre 100.000 livres (133.000 euros) et auprès du même informateur, une liste d’environ 100 noms de riches britanniques. La fraude porterait sur 100 millions de livres (133 millions d’euros), selon le FT.

L’informateur avait, selon le journal, renoncé en 2006 à vendre à Londres les documents en sa possession, considérant que les Britanniques avaient trop tardé à répondre à son offre.

Alors que la banque LGT a chiffré à 1.400 le nombre de ses clients concernés par les données dérobées, dont 600 résidant en Allemagne, les spéculations restent ouvertes sur la nationalité des autres clients de la liste.

L’Allemagne, qui ne décolère pas contre le Liechtenstein, s’apprêterait à faire profiter d’autres pays des informations qu’elle s’est procurée, selon le quotidien allemand Handelsblatt.

Des demandes en provenance de Finlande, de Suède, et de Norvège seraient déjà parvenues à Berlin. Et l’Allemagne serait prête à partager ces données dans le cadre de l’aide juridique internationale, selon le journal.

Le commissaire européen à la Fiscalité Laszlo Kovacs a plaidé dans ce sens en appelant les Etats de l’Union européenne à améliorer leur coopération dans la lutte contre la fraude fiscale.

"Au sein de l’UE, nous avons besoin de solidarité. C’est ainsi que nous pouvons exercer la pression nécessaire sur d’autres places financières", a-t-il affirmé.

Si le Liechtenstein ne coopère pas pour changer les « conditions » qui « invitent à la fraude fiscale », il faut envisager « la possibilité de compliquer nettement les mouvements d’affaires avec le Liechtenstein. Avec l’objectif qu’il ne soit plus attrayant de faire des affaires avec le Liechtenstein », a menacé pour sa part le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück.

Le Liechtenstein, qui n’est pas membre de l’UE, a peu goûté cette pression qui pourrait s’accentuer désormais si d’autres pays étaient concernés par l’évasion fiscale vers Vaduz.

Le prince héritier de la principauté du Liechtenstein, Aloïs de Liechtenstein, a dénoncé « l’énergie criminelle des enquêteurs du fisc allemand » et a rappelé que son pays est « un Etat souverain ».

Un millier d’Allemands fortunés, dont « des personnalités clés », sont soupçonnés d’avoir caché au fisc jusqu’à 4 milliards d’euros, investis dans des fondations au Liechtenstein où l’imposition est minime.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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