BPA : Andorre va créer une nouvelle banque qui sera vendue d’ici fin 2015
AFP le 15/06/2015 à 20:31, mis à jour à 20:51
La coprincipauté d’Andorre va créer une nouvelle banque qui réunira les fonds licites de la Banca Privada d’Andorra (BPA), accusée de blanchiment, dans le but de la vendre d’ici à la fin de cette année, a-t-on appris lundi de source officielle.
Les comptes de la BPA, une fois purgés des fonds récemment accusés par le Trésor américain de provenir de blanchiment, seront regroupés dans une nouvelle entité gérée par l’Agence d’Etat de restructuration et de résolution des entités bancaires (Areb), a indiqué cette dernière dans un communiqué.
L’Agence précise qu’elle a pour « but de procéder à une vente de cette bonne banque d’ici à la fin de l’année » et que la vente se fera aux enchères.
La nouvelle banque n’aura pas « les déficiences identifiées dans la gestion passée de BPA et révélées » par le Trésor américain, assure l’Areb, la structure de défaisance mise en place à la suite du scandale qui a frappé la BPA en mars.
L’Agence va entamer « immédiatement » le processus de constitution de la nouvelle entité.
Le 10 mars, le FinCEN, organisme américain chargé de lutter contre la délinquance financière, accusait publiquement la BPA, quatrième banque andorrane, d’avoir blanchi des milliards de dollars des mafias russe et chinoise, ainsi que de la compagnie pétrolière publique vénézuélienne PDVSA.
Les autorités financières andorranes avaient dès lors pris le contrôle de la BPA et son conseiller délégué, Joan Pau Miquel Prats, était incarcéré.
Le scandale a vivement secoué la petite coprincipauté qui tente depuis plusieurs années de se racheter une bonne conduite après avoir été accusée d’être un paradis fiscal.
L’Areb n’a pas précisé quel institut pourrait être intéressé par le rachat de la nouvelle « bonne banque » née sur les cendres de la BPA.
Lors d’un récent entretien avec l’AFP, le ministre des Affaires étrangères Gilbert Saboya Suñé, avait indiqué que « des banques étrangères » avaient contacté l’Institut national andorran des finances (INAF), chargé de réguler et de superviser le secteur bancaire et qui a pris le contrôle de BPA.
Le chef de la diplomatie andorrane n’avait cependant pas précisé la nationalité des établissements intéressés. Interrogé sur le souhait de certains responsables andorrans qu’une banque française se porte acquéreuse, il avait souligné le besoin d’un « certain rééquilibrage en faveur de la France », dont le chef d’Etat est coprince d’Andorre, avec l’évêque catalan d’Urgell.
Environ 70% des échanges commerciaux du micro-Etat pyrénéen se font avec l’Espagne.
La BPA gérait à la fin 2013 7,1 milliards d’euros d’actifs dans le monde.
Le FinCEN avait accusé le 10 mars trois « hauts responsables » de la banque.
Le premier aurait fourni une aide importante à Andrei Petrov, un blanchisseur d’argent pour le compte d’organisations criminelles russes impliquées dans la corruption.
Petrov, arrêté en Espagne en février 2013 pour blanchiment, est également soupçonné de liens avec Semion Mogilevich, un des parrains de la mafia ukrainienne qui figure sur la liste des dix personnes les plus recherchées par le FBI.
Le deuxième haut responsable aurait touché des « commissions exorbitantes » pour faciliter le détournement « d’environ deux milliards de dollars » de la compagnie pétrolière publique vénézuélienne PDVSA, selon le FinCEN.
Et un troisième haut responsable de BPA en Andorre est accusé par le FinCEN d’avoir accepté des « pots-de-vin » du blanchisseur d’argent chinois Gao Ping, pour le compte d’organisations impliquées notamment dans le trafic humain. Il a été arrêté en Espagne en septembre 2012 pour blanchiment d’argent.
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