ANDORRE
Le nouveau gouvernement investi sur fond de scandale bancaire
Le chef du gouvernement andorran sortant, Antoni Martí, a prêté serment ce mercredi pour un nouveau mandat, juste avant la présentation au Parlement d’un projet de loi sur la Banque privée d’Andorre (BPA), accusée de blanchiment d’argent pour le compte de la pègre.
Pendant le débat d’investiture, au Parlement de la Principauté, Antoni Martí a demandé aux parlementaires d’organiser un débat d’orientation politique, à l’automne, pour évaluer l’évolution de la crise BPA et l’effet des mesures prises par son gouvernement.
Depuis le 10 mars, Andorre est plongée dans une tempête bancaire en raison d’accusations américaines contre la BPA, quatrième banque de la principauté, soupçonnée de blanchiment d’argent et de liens avec la mafia, notamment chinoise. Un des dirigeants de BPA, Joan Pau Miquel Prats, est sous les verrous. Un organisme du Trésor américain chargé de lutter contre la délinquance financière avait désigné la BPA comme une « source majeure d’inquiétude liée au blanchiment d’argent ». Il présentait cette banque comme « un intermédiaire facile des blanchisseurs d’argent en vue de faire passer par le système financier américain les recettes tirées du crime organisé, de la corruption et du trafic d’êtres humains ».
Le conseil d’administration de BPA avait été destitué le 10 mars et les autorités avaient pris le contrôle de la gestion de l’établissement. Le scandale avait même provoqué un début de panique bancaire à la mi-mars et la notation d’Andorre a depuis été abaissée par les principales agences internationales d’évaluation financière.
Aussitôt après la constitution du gouvernement, mercredi, un projet de loi a été présenté au parlement, en urgence : le texte, qui sera voté jeudi, vise à isoler dans une « structure de défaisance » les actifs à risque de la BPA issus d’activités illicites. Le texte vise à créer une « bad bank » avec les fonds provenant de sources illicites et une « good bank » gardant les fonds licites de la BPA. Ce projet de loi de « restructuration et résolution du système bancaire » a pris en compte quelques-uns des amendements présentés par les partis de l’opposition et les suggestions des salariés de la BPA, inquiets pour l’avenir des emplois, en cas de vente partielle ou de liquidation.
A l’issue des élections du 1er mars, le parti Democrates per Andorra d’Antoni Marti avait conservé la majorité absolue avec 15 sièges sur 28. M. Marti a donc formé mercredi un gouvernement de continuité qui vise à reprendre les dossiers en cours le plus rapidement possible.
Par AFP | Publié le 01/04/2015 à 14:17