Des douaniers de l’aéroport de Paris jugés pour avoir dévalisé des trafiquants de drogue
15 févr. 2022 à 18h47
En douce, des douaniers ponctionnaient l’argent liquide de valises de trafiquants de drogue en transit à l’aéroport international de Paris-Charles de Gaulle : huit d’entre eux sont jugés cette semaine en région parisienne pour un « système généralisé » qui a détourné des millions d’euros durant des années.
En douce, des douaniers ponctionnaient l’argent liquide de valises de trafiquants de drogue en transit à l’aéroport international de Paris-Charles de Gaulle : huit d’entre eux sont jugés cette semaine en région parisienne pour un « système généralisé » qui a détourné des millions d’euros durant des années.
Douze prévenus, huit douaniers et quatre complices présumés poursuivis pour recel, comparaissent devant le tribunal correctionnel de Seine-Saint-Denis pour le vol en réunion d’argent liquide appartenant à des trafiquants ainsi que la dissimulation et le placement de capitaux à l’étranger, des faits commis entre 2009 et 2012.
Les douaniers au cœur de dossier détenaient des comptes bancaires à l’étranger, notamment en Andorre, chacun garni de centaines de milliers d’euros. Le montant exact des sommes détournées n’a pas pu être établi par l’enquête.
Lorsque les douaniers soupçonnaient un voyageur de trafiquer, ils demandaient à la compagnie aérienne d’extraire ses bagages. S’ils découvraient de la drogue, ils saisissaient la cargaison. En revanche, s’ils tombaient sur de l’argent liquide, ils pouvaient alors en prélever une partie avant de remettre discrètement le bagage en place.
Pour éviter des représailles de criminels lésés, « on avait essayé de minimiser le risque en ne faisant que des valises en transit », a expliqué mardi à la barre Cyril G., l’un des douaniers.
Selon les prévenus à l’audience, cette pratique a eu cours durant des décennies au sein de la douane de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. « Tant que la hiérarchie avait des résultats, elle nous laissait tranquille », a assuré au tribunal Alain I., ex-douanier de 62 ans.
Mais en avril 2012, l’un d’entre eux est filmé en train de détourner une valise d’argent surveillée par l’OCRTIS (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants), déclenchant l’ouverture d’une enquête.
Les principaux prévenus appartenaient aux brigades de surveillance, chargées de repérer les individus suspects, des unités où sont envoyés « les meilleurs agents », selon Alain I.
Lors de la répartition quotidienne des rôles dans l’équipe, le duo qui descendait dans la salle des bagages était celui qui prélevait l’argent.
Les prévenus reconnaissent les faits mais se dédouanent en invoquant un « système généralisé », affirmant que leur hiérarchie « savait ».
« L’émoi est d’autant plus grand » qu’ils faisaient partie de « la crème de la crème » de la douane, a souligné auprès de l’AFP Me Frédéric David, avocat de l’un des prévenus.
Le procès se tient jusqu’à vendredi. Ils encourent jusqu’à douze ans de prison.