A Chypre, le scandale des « passeports en or »
Par Isabelle Mandraud Publié aujourd’hui à 12h51, mis à jour à 16h26
Enquête L’ancienne colonie britannique envisage pour la première fois de déchoir de la nationalité chypriote 26 riches investisseurs étrangers au profil douteux. La cession de la nationalité contre investissements, en vogue dans plusieurs Etats européens, inquiète Bruxelles.
[…] Depuis près de sept ans, l’ancienne colonie britannique, devenue membre de l’Union européenne (UE) en 2004, puis de la zone euro en 2008, vend sa citoyenneté à de grosses fortunes extracommunautaires et à leurs familles, moyennant un investissement (actuellement 2,5 millions d’euros), dans l’immobilier surtout, et quelques donations. Ici, acquérir un bien offre donc l’opportunité, pour des non-Européens, d’obtenir un passeport valable dans toute l’UE et d’y développer leurs affaires.
Inauguré en 2013, lorsque ce petit Etat insulaire de 1,2 million d’habitants était au bord de la faillite, le Cyprus Investment Programme (CIP) a bénéficié, selon le ministère de l’intérieur chypriote, à « environ 4 000 » riches étrangers et a généré quelque 8 milliards d’euros de recettes. Une aubaine.
A l’époque, en pleine crise de la zone euro, Chypre croulait sous les dettes. Le pays, dont la partie nord occupée par la Turquie reste hors de l’UE, possédait un secteur bancaire hypertrophié, fortement suspecté de servir de paradis fiscal à de richissimes Russes et autres ex-Soviétiques, bien que les autorités s’en défendent. Au point que Limassol avait acquis le surnom de « Limassolgrad », et pas seulement à cause des nombreux touristes slaves. Lire la suite.