En Suisse, la banque Reyl cernée par les autorités pour sa négligence vis-à-vis de l’argent sale

Mercredi 9 avril 2025

Des documents confidentiels révèlent que l’établissement genevois a abrité les fortunes de plusieurs personnalités politiques sensibles sans toujours respecter les garde-fous antiblanchiment. Elle fait l’objet d’une enquête du gendarme suisse des banques.

Par Maxime Vaudano Publié aujourd’hui à 06h30

Temps de Lecture 7 min.

Vu de l’Hexagone, la banque Reyl est surtout connue pour avoir facilité la fraude fiscale de riches Français – dont le plus connu est l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac. Mais le petit établissement suisse a d’autres secrets, peut-être encore moins avouables. Une enquête du Monde en collaboration avec plusieurs médias internationaux révèle que la banque genevoise a abrité jusqu’à très récemment des fonds d’origine douteuse de personnalités politiques sensibles sans toujours respecter les garde-fous en matière de lutte contre le blanchiment d’argent.

Parmi les clients les plus sulfureux de Reyl, on trouve des figures étroitement liées aux clans régnant sur certaines ex-républiques soviétiques, dont les fortunes nourrissent de longue date des soupçons de détournement de fonds publics.

La banque a géré un portefeuille de plusieurs millions de francs suisses pour le compte de la famille du dictateur azerbaïdjanais Ilham Aliev. Elle a abrité plusieurs dizaines de millions de francs suisses pour Dinara Koulibaïeva, la fille de l’ancien autocrate kazakh Noursoultan Nazarbaïev, et pour Timour Tilliaev, le gendre de l’ancien président ouzbèke Islam Karimov. Reyl a également compté jusqu’en 2023 parmi ses clients Leonid Reïman, un ancien ministre et conseiller de Vladimir Poutine cité dans plusieurs enquêtes pour des détournements massifs, et ouvert ses coffres à des personnalités liées à la mafia calabraise.

Ces nouvelles révélations mettent à mal l’image de respectabilité que tente de préserver la Suisse. Après chaque scandale (UBS, « Swiss Leaks », « Suisse Secrets », etc.), le pays s’attache à renvoyer les mauvaises pratiques de son secteur bancaire à un passé qui serait révolu. Mais il est ici question de comptes encore actifs, ou qui l’ont été jusqu’à une période très récente. Lire la suite.

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