Agence France-Presse 29 octobre 2024 à 17h42
L’ancien patron des services de renseignement extérieur français,Bernard Bajolet, accusé de complicité de tentative d’extorsion d’un homme d’affaires, sera prochainement jugé par un tribunal.
Bernard Bajolet va comparaître devant le tribunal judiciaire de Bobigny pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique.
L’homme d’affaires Alain Duménil accuse la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) d’avoir fait usage de la contrainte pour lui réclamer de l’argent en 2016.
En mars 2016, ce Franco-Suisse impliqué dans pléthore d’affaires judiciaires et de litiges commerciaux, s’apprête à embarquer pour Genève à l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Au guichet d’Air France, il est contrôlé par deux fonctionnaires de la police aux frontières qui l’invitent à les suivre.
Dans un local, il se retrouve face à deux agents de la DGSE en civil. Se présentant comme « l’État », ils expliquent qu’il doit rembourser 15 millions d’euros à la France. Pour appuyer leur requête, ils lui montrent des photos de lui et de sa famille, prises en Angleterre et en Suisse. D’après Alain Duménil, ils auraient proféré des menaces.
Bernard Bajolet a dirigé la DGSE d’avril 2013 à mai 2017 avant de prendre sa retraite.
Contactée par l’AFP, la DGSE n’a pas souhaité commenter un processus judiciaire en cours.
Lors de son interrogatoire devant la juge d’instruction, Bernard Bajolet a expliqué qu’il avait seulement validé le principe d’une entrevue à l’aéroport, mais n’était pas rentré dans les détails de sa mise en œuvre. D’après lui, l’objectif était une prise de contact courte et sans contrainte.
Alain Duménil est une bête noire de la DGSE depuis un litige qui remonte à plus de deux décennies.
Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, les services de renseignements extérieurs gèrent un « patrimoine privé » confié par l’État dans une volonté d’indépendance de l’institution en cas d’occupation étrangère ou de disparition du gouvernement.
À la fin des années 1990, la DGSE réalise des investissements infructueux dans une société. Une décennie plus tard, dans un échange de titres, Alain Duménil devient majoritaire dans cette société et cède à la DGSE des parts de sa holding. Il transfère par la suite les parts de la holding détenues par la DGSE dans trois autres sociétés qu’il détenait également.
La holding est mise en liquidation judiciaire. Dans la procédure judiciaire qui en découle, l’homme d’affaires a été mis en examen pour banqueroute. La DGSE estime qu’Alain Duménil lui doit 15 millions d’euros, dont trois d’intérêts.
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