Agence France-Presse 17 octobre 2023 à 18h24
A la tête des services de renseignements extérieurs français d’avril 2013 à mai 2017 avant de prendre sa retraite, Bernard Bajolet avait été mis en examen en octobre 2022 par une juge d’instruction de Bobigny pour complicité de tentative d’extorsion et atteinte arbitraire à la liberté individuelle par dépositaire de l’autorité publique.
Il avait contesté sa mise en examen devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris mais celle-ci a rejeté sa demande d’annulation, d’après une source judiciaire.
Sollicitée par l’AFP, la DGSE n’a pas souhaité réagir.
« Bernard Bajolet n’échappera pas à son procès, celui du dévoiement d’un ancien responsable d’un grand service d’Etat régalien à des fins privées. Toute la chaîne de responsabilités n’est pas encore mise au jour », ont réagi auprès de l’AFP William Bourdon et Nicolas Huc-Morel, avocats de l’homme d’affaires Alain Duménil, à l’origine de la plainte.
En mars 2016, ce Franco-Suisse, impliqué dans une pléthore d’affaires judiciaires et de litiges commerciaux, s’apprête à embarquer pour Genève à l’aéroport de Roissy. Au guichet d’Air France, il est contrôlé par deux fonctionnaires de la police aux frontières qui l’invitent à les suivre au poste de police.
Dans le local, il se retrouve face à deux agents de la DGSE en civil. Se présentant comme « l’État », ils expliquent qu’il doit rembourser 15 millions d’euros à la France. Pour appuyer leur requête, ils lui montrent des photos de lui et de sa famille, prises en Angleterre et en Suisse.
D’après Alain Duménil, ils auraient proféré des menaces.
L’homme d’affaires s’emporte et annonce porter plainte. Les agents disparaissent. Protégés par le secret défense, leurs noms n’ont pas été révélés.
Lors de son interrogatoire de première comparution, Bernard Bajolet a expliqué avoir validé le principe d’une entrevue à l’aéroport mais ne pas être entré dans les détails de sa mise en œuvre. L’objectif était une prise de contact, courte et sans contrainte, avec un homme considéré par l’institution comme insaisissable.
Le litige avec Alain Duménil, bête noire de l’institution, remonte à plus de deux décennies et des investissements infructueux effectués par la DGSE qui gère un « patrimoine privé » confié par l’Etat.
Dans cette procédure, Alain Duménil est mis en examen pour banqueroute.
Agence France-Presse