GB : un témoin trouvé mort, à la veille de l’extradition des banquiers de NatWest
12/07/2006 19:21 - LONDRES (AFP) -
La saga des banquiers britanniques de la NatWest devant être extradés vers les Etats-Unis a pris une tournure dramatique mercredi, avec l’annonce de la mort d’un témoin interrogé récemment par le FBI.
Le corps du banquier Neil Coulbeck, 53 ans, ancien co-directeur à la Royal Bank of Scotland et un temps proche collaborateur de David Bermingham, un des « trois de la NatWest », a été retrouvé mardi dans un parc de l’Est de Londres non loin de son domicile. La police a parlé d’une mort inexpliquée, les télévisions britanniques ont évoqué un suicide.
Il avait disparu depuis jeudi.
L’annonce de cette mort est intervenue au moment même où les députés étaient réunis en urgence à Westminster, pour un débat exceptionnel sur l’extradition prévue jeudi matin vers les Etats-Unis des trois banquiers, qui suscite une vive indignation, notamment dans la City.
Ils sont accusés d’avoir escroqué leur employeur (NatWest, depuis devenue partie de la Royal Bank of Scotland - RBS) de 15 millions d’euros, en conseillant de vendre une part d’Enron largement en dessous de son prix. Ils auraient au passage empoché plusieurs millions de dollars.
David Bermingham, Giles Darby et Gary Mulgrew assurent être innocents, et tentent depuis deux ans de voir leur cas examiné au Royaume-Uni, arguant qu’eux-mêmes et leur « victime » présumée, la RBS, sont britanniques.
La justice britannique n’a retenu aucune charge contre eux. La BBC a affirmé mercredi soir que Neil Coulbeck, responsable des marchés financiers de la RBS pour l’Amérique du Nord jusqu’en 2001, année de l’effondrement d’Enron, aurait approuvé la transaction au cœur de l’enquête concernant les « trois de la NatWest ».
Dans le cadre de l’enquête, il avait été interrogé par le FBI, la sûreté fédérale américaine. Selon David Bermingham toutefois, il s’agissait d’un simple interrogatoire sur ses fonctions dans la banque.
Très affecté en apprenant sa mort, M. Bermingham a insisté sur le fait que rien ne prouvait qu’elle soit liée à cette affaire.
« Il est plus que possible qu’il n’y ait pas de lien entre sa mort et notre affaire. C’est très dangereux de vouloir tirer des conclusions », a-t-il dit.
Mercredi, Tony Blair a rejeté l’idée que l’extradition des trois banquiers prévue jeudi matin soit le résultat injuste d’un traité d’extradition inéquitable avec les Etats-Unis. Dire « que les Etats-Unis obtiennent l’extradition de ces gens dans des conditions où nous ne pourrions pas obtenir leur extradition des Etats-Unis est faux », a-t-il dit, interpellé sur le dossier lors de la séance de questions hebdomadaires à la Chambre.
Et pour essayer de calmer un peu la tempête que provoque cette affaire, il a affirmé qu’il avait obtenu l’assurance que les autorités judiciaires américaines n’étaient pas opposées à la libération sous caution des trois financiers, en attendant leur procès.
Mais cela n’a en rien calmé le tumulte.
Lors du débat au parlement, le porte-parole des libéraux démocrates Nick Clegg a dénoncé un traité d’extradition « injuste et déséquilibré, négocié en secret ». Signé en mars 2003, ce traité à l’origine présenté pour lutter contre le terrorisme mais qui a aussi étendu le champ des offenses permettant une extradition rapide, n’a toujours pas été ratifié par le Sénat américain alors que la Grande-Bretagne a adapté sa législation dès novembre 2003. Le conservateur Michael Howard a lui dénoncé des arrangements « unilatéraux », et accusé M. Blair d’être un « caniche » des Etats-Unis.
En signe de protestation, les députés ont décidé après trois heures de débat d’ajourner leurs travaux pour la journée par 246 votes à 4.
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