L’oncle de Bachar el-Assad inculpé à Paris
France Rifaat al-Assad est soupçonné de s’être enrichi illégalement dans l’Hexagone en détournant des fonds publics.
L’oncle du dirigeant syrien Bachar al Assad a été mis en examen le 9 juin dans une affaire de biens supposés « mal acquis » sur le territoire français, a-t-on appris mardi de source proche de l’enquête. Rifaat al Assad est un opposant au régime de son neveu.
Soupçonné d’avoir acquis tout ou partie de son patrimoine en France avec de l’argent amassé illégalement, il a été mis en examen pour blanchiment en bande organisée de fraude fiscale aggravée, blanchiment en bande organisée de détournement de fonds publics, recel de détournement de fonds publics et recours au travail dissimulé en bande organisée, a-t-on précisé.
Rifaat al Assad a été mis en examen à l’issue de son interrogatoire dans le bureau d’un juge financier, à Paris. Il a été placé sous contrôle judiciaire, a ajouté la source proche de l’enquête, confirmant une information de presse.
Il lui est interdit de quitter le territoire national, sauf pour se rendre à Londres pour raisons de santé, a-t-elle dit.
L’intéressé serait resté muet
Joint par Reuters, son avocat a fait savoir qu’il n’entendait faire aucun commentaire. En 2013, son entourage avait assuré au Monde que l’origine de sa fortune n’avait rien à voir avec la Syrie.
Lors de son interrogatoire, Rifaat al Assad « n’a pas souhaité s’exprimer », indique dans un communiqué l’association Sherpa, à l’origine de l’enquête.
En 2013, celle-ci avait déposé une plainte simple contre Rifaat al Assad. Puis le 4 février 2014, Sherpa a déposé une nouvelle plainte, avec constitution de partie civile. Cela a mené à l’ouverture d’une information judiciaire en avril 2014, pour corruption, corruption d’agents publics étrangers et blanchiment, notamment.
Dans un communiqué publié mardi sur son site internet, l’association se félicite « de l’avancée des investigations judiciaires s’agissant de l’un des principaux anciens dignitaires du régime syrien ».
En exil depuis le milieu des années 80
Plusieurs enquêtes visent des « biens mal acquis » en France par des chefs d’Etat africains ou leurs proches. Le parquet national financier (PNF) a ainsi requis en mai dernier le renvoi en correctionnelle pour blanchiment du fils aîné du président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang.
Rifaat al Assad, qui est un opposant déclaré au régime de Bachar al Assad, vit en exil depuis le milieu des années 1980. Un des hommes les plus redoutés de Syrie sous le régime d’Hafez al Assad, le père du président actuel, il est tombé en disgrâce après avoir tenté de prendre le pouvoir.
Il possède notamment un hôtel particulier avenue Foch, dans le XVIe arrondissement de Paris, et une quarantaine d’appartements situés dans deux immeubles, l’un avenue du président Kennedy, dans le XVIe, et l’autre quai André-Citroën, dans le XVe.
(afp/nxp)
(Créé : 28.06.2016, 11h20)