Par Hélène Sallon(Beyrouth, correspondante) Publié hier à 10h30
Dès le début de la contestation contre le régime Assad, en mars 2011, des gangs à la solde du pouvoir sont apparus pour briser ce mouvement. Baptisés « chabiha », ces hommes de main avaient déjà aidé le clan Assad à asseoir son pouvoir durant les années 1970. Au fur et à mesure que la Syrie s’est enfoncée dans la guerre civile, toutes sortes de partisans du régime ont rejoint cette armée de l’ombre, épaulant les forces de sécurité dans leurs basses besognes.
Leur participation à des crimes contre l’humanité, notamment des meurtres et des actes de torture, et à des crimes de guerre, tels que des arrestations et des détentions arbitraires, des violences sexuelles et des pillages, a été établie dès 2012 par une commission d’enquête des Nations unies. Les enquêteurs onusiens estimaient que les chabiha avaient vraisemblablement agi « avec l’assentiment, de concert avec ou à la demande des forces gouvernementales ». Leur lien avec la hiérarchie sécuritaire n’avait pas pu être établi à l’époque, offrant à M. Assad une justification commode pour rejeter toute responsabilité dans leurs agissements.
Mais dans un rapport publié le 5 juillet, la Commission for International Justice and Accountability (CIJA), une ONG composée d’avocats pénalistes internationaux, apporte ce chaînon manquant. Son travail, basé sur des documents officiels, révèle comment les plus hauts échelons du régime syrien ont planifié et mis en œuvre le déploiement de ces miliciens. Lire la suite.