Un œil sur la place financière
Les cryptomonnaies posent un risque important de blanchiment
Les cryptomonnaies permettent d’utiliser des adresses anonymes pour effectuer sans le moindre contrôle des transactions pour des montants très importants avec des contreparties tout aussi anonymes
Carlo Lombardini, avocat au Barreau de Genève, professeur à l’Université de Lausanne Publié lundi 9 mai 2022 à 08:26 Modifié lundi 9 mai 2022 à 10:28
La question de l’appréhension du risque de blanchiment d’argent dans les cryptomonnaies suscite de vifs débats. Une cryptomonnaie est la représentation numérique d’une valeur qui existe de manière digitale et peut être de la sorte transférée. Elle représente simplement un code informatique qui n’a aucune valeur intrinsèque, ni aucune utilité propre ; elle est créée et transmise selon les règles du protocole élaboré par ses créateurs, souvent mis à disposition publiquement et qui peut faire l’objet de suggestions. N’importe qui peut créer une cryptomonnaie.
Aucun intermédiaire n’intervient pour tenir des comptes ou effectuer des transferts. L’utilisateur de cryptomonnaies a une adresse publique et deux clés, l’une publique et l’autre privée. La clé publique peut être déduite de la clé privée ; mais la clé privée ne peut pas être déduite de la clé publique. Le processus d’émission et de fonctionnement des clés est fondé sur la cryptographie asymétrique. La clé publique est connue de tout le monde ; tel n’est pas le cas de la clé privée.
Les transactions effectuées sont enregistrées dans un registre public (la blockchain) assurant leur traçabilité. Elles sont irrévocables. Chaque utilisateur peut télécharger une copie du registre et avoir une vue d’ensemble de toutes les transactions effectuées et, par exemple, connaître le solde des avoirs disponibles de chaque participant.
[…] Important risque de blanchiment
Ces rappels conduisent à considérer que les cryptomonnaies posent un risque important en matière de blanchiment. En premier lieu, parce que pour appréhender des cryptomonnaies il est nécessaire d’avoir accès à la clé privée de l’adresse sur laquelle ces cryptomonnaies sont enregistrées. Sans avoir la clé privée, il n’est possible ni de saisir, ni de confisquer les cryptomonnaies concernées. Mais si un criminel cache bien la clé privée qui lui permet d’accéder à son butin par exemple sur un bout de papier, voire sur plusieurs bouts de papier différents, il rend indiscutablement la confiscation plus difficile.
La clé privée est un instrument encore plus redoutable que les actions au porteur pour assurer l’anonymat du contrôle sur des valeurs patrimoniales porteur pour assurer l’anonymat du contrôle sur des valeurs patrimoniales et en permettre le transfert. Lire la suite.