ECONOMIE : Les dirigeants de Parmalat devant la justice
Date de parution : Samedi 15 mars 2008
Auteur : Eric Jozsef, Rome
PROCES. 55 personnes comparaissent dans le cadre du plus grand scandale économique italien.
Extraits de l’article mis en ligne sur le site du journal Le Temps :
La première des 125 audiences prévues n’a duré que trois heures. Mais hier matin, après quatre ans d’instruction, le procès du plus grand scandale économique de l’histoire italienne a enfin débuté à Parme. Des centaines de petits actionnaires en partie ruinés avaient pour l’occasion fait le déplacement pour assister à la comparution de l’ancien patron et fondateur de la multinationale laitière Parmalat, Calisto Tanzi, et de cinquante-quatre autres personnes, dont l’ex-directeur financier Fausto Tonna.
Un trou de 14,3 milliards
En décembre 2003, le krach du colosse agroalimentaire italien avait révélé un trou gigantesque de 14,3 milliards d’euros.
Pour la presse transalpine, il s’agit d’une affaire « Enron à l’italienne ».
Les chiffres du procès de Parme sont d’ailleurs impressionnants : cinq millions d’actes ou encore 35000 parties civiles.
Le premier procès concerne aussi Calisto Tanzi lequel, en compagnie de plusieurs banques italiennes et cabinets d’audits, doit répondre de l’accusation de manipulation des cours de l’action Parmalat et de communication de fausses informations financières. Le second concerne pour le même motif cinq instituts étrangers dont la banque allemande Deutsche Bank, le groupe suisse UBS et les américains Citigroup, Morgan Stanley et Bank of America.
Enquête aussi en Suisse
En Suisse aussi, la banqueroute Parmalat intéresse la Justice. Berne a en effet lancé des enquêtes pour blanchiment sur des transactions douteuses portant sur une centaine de millions de francs qui proviendraient d’entreprises du groupe italien.
Depuis le début, le fondateur a reconnu ses responsabilités. Mais ses avocats souhaitent que celles des banques soient également établies. Selon les défenseurs de l’ancien patron de la multinationale, les instituts étaient pleinement au courant de la situation désastreuse de Parmalat, mais auraient continué à placer des actions auprès des épargnants pour compenser une partie de leurs pertes. « Dans cette affaire, personne n’est innocent », a soutenu l’avocat Giampiero Biancolella.
Dans ce contexte, Calisto Tanzi a demandé la comparution en tant que témoins des 35000 parties civiles. Les avocats de ces derniers redoutent une manœuvre dilatoire. Ils craignent aussi que la réunification des différents procès célébrés à Parme ne provoque un encombrement judiciaire. En allongeant le nombre d’audience et la durée du procès, certaines accusations pourraient finir par être prescrites.
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