Scandale de Parmalat : le fondateur renvoyé en justice
Challenges.fr | 25.07.2007 | 17:20
Calisto Tanzi et 22 autres inculpés sont renvoyés en justice pour banqueroute.
Calisto Tanzi, le fondateur de Parmalat, a été renvoyé en justice pour banqueroute mercredi 25 juillet dans le cadre de l’enquête sur le scandale du groupe alimentaire, ont rapporté les médias italiens. C’est ce qu’a décidé le juge des audiences préliminaires de Parme. Cet épisode était très attendu dans le feuilleton d’un des plus gros scandales financiers en Europe.
Par ailleurs, 23 autres personnes ont également été renvoyées en justice pour des affaires gravitant autour du scandale parmi lesquels l’ex-directeur financier de Parmalat, Fausto Tonna, Giovanni Tanzi, frère de Calisto et d’autres responsables. Parmalat, notamment celle de Parmatour, le pôle tourisme de la famille Tanzi.
Le procès de Parme est l’une des deux phases judiciaires du dossier Parmalat.
Un “trou“ de 14 milliards
La seconde phase concerne, en plus de dirigeants du groupe, plusieurs grandes banques étrangères.
A la mi-juin, 4 grandes banques - le numéro un mondial Citigroup, Morgan Stanley, UBS et Deutsche Bank- ont été renvoyées devant la justice italienne pour leur implication dans le krach du géant de l’agroalimentaire. Elles sont toutes accusées de manipulation des cours de Bourse du groupe italien.
La seconde phase du procès doit s’ouvrir le 22 janvier prochain devant le tribunal pénal.
Le scandale Parmalat avait éclaté fin 2003 avec la découverte d’un « trou » de plus de 14 milliards d’euros dans la comptabilité du groupe. Environ 135.000 épargnants italiens ont perdu leurs économies, anéanties dans le krach de Parmalat, qui employait 36.000 personnes dans 30 pays avant sa chute.
En outre, le magistrat de Parme a reconnu un dommage moral d’environ 40 millions d’euros pour les quelque 35.000 épargnants lésés par ce krach qui se sont constitués partie civile, selon leur avocat cité par l’agence Ansa.
Falsifications de bilan
Les enquêtes ont démontré que le groupe de l’industrie agroalimentaire italienne était au bord de la faillite depuis de nombreuses années, ne survivant qu’au prix de grossières falsifications de bilan. Les banques sont donc soupçonnées d’avoir été au courant depuis longtemps de cette situation catastrophique.
L’actuel patron de Parmalat, Enrico Bondi, nommé par le gouvernement à la tête de l’entreprise fin 2003, a reproché aux banques d’avoir su que la société était insolvable et d’avoir toutefois organisé jusqu’en 2003 des emprunts obligataires souscrits par de petits épargnants, avec l’objectif de se rembourser sur l’argent dégagé par l’opération. Au cours d’une déposition devant le tribunal de Milan, en février 2006, il a expliqué que, pour comprendre la situation, « il suffisait de faire la comparaison entre la dette déclarée au bilan » par Parmalat et les créances déclarées par les banques envers Parmalat. « L’écart était de 700 millions d’euros en 1997 puis de 1 milliard en 2002 ».
Citigroup et Morgan Stanley contestent
"Citigroup est convaincue que le procès permettra de prouver qu’elle est totalement étrangère aux délits reprochés et de confirmer qu’elle a été une des victimes de la plus grave banqueroute frauduleuse de l’histoire italienne de l’après-guerre", indiquait le géant bancaire dans un communiqué, publié après l’annonce de la décision du juge milanais.
La banque d’affaires Morgan Stanley, quant à elle, avait assuré qu’elle « contestera vigoureusement » les accusations portées contre elle, certifiant que le "comportement de Morgan Stanley et de ses employés a été absolument correct".
Publié avec l’aimable autorisation du magazine Challenges.
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