Méga-Déby de fausse monnaie (suite)
Nous contions voici deux mois (n° 61) une énorme opération de faux-monnayage de dinars de Bahreïn, pour un montant de quelque 2 milliards de FF. L’opération devait se dénouer à Paris. Elle a transité par les clans au pouvoir à N’Djaména et Bamako - à la hauteur de leur réputation -, et par une nuée d’intermédiaires 1.
L’un d’eux, Claude Sokolovitch, a fourni d’intéressantes précisions à la juge Simeoni, qui instruit l’affaire. Il s’agirait en fait de vrais-faux billets, une série imprimée avec l’accord de la Banque centrale de Bahreïn pour solder une gigantesque noria de commissions franco-saoudiennes : l’opération « Joséphine ».
Les billets n’auraient été déclarés faux qu’à la suite d’une « discorde entre des membres de la famille royale saoudienne et l’Emirat du Bahreïn » (Le Parisien, 30/09/1998).
Rappelons que « Joséphine » a commencé en mai 1983 par la sur-déclaration (1,35%) du taux d’intérêt d’un prêt saoudien de 25 milliards de dollars, destiné à soutenir le franc. Soit une différence d’environ 2 milliards/an. Ce bel hors d’œuvre, servi par des maîtres-queux (les Akram Ojjeh et Rafic Hariri), a réjoui le clan Mitterrand, et bien au-delà. Il a été suivi par un mille-feuilles de commissions et rétro-commissions sur les contrats d’armement - dont Roland Dumas a, pour le moins, eu connaissance.
1. Outre Lazare Pedro (Billets n° 61) et Claude Sokolovski, la presse africaine et française mentionne trois Zaïrois, dont un certain Bupe Munango ; un conseiller spécial d’Idriss Déby, Hassan Fadoul Kithir, récemment démissionné (N’Djaména Hebdo, 27/08/1998) ; un Guinéen, Chérif Mohamed Haidara, recommandé par un prince saoudien et muni d’un passeport diplomatique nigérien (Le Citoyen, Niamey, 22/09/1998) ; un imprimeur argentin, un ressortissant de Bahreïn, un négociant français en aéronautique (Le Parisien)…
Extraits de BAA N°64 - novembre 1998 -
Publié avec l’aimable autorisation de l’Association Survie.
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