Par Gérard Davet (Monaco, envoyé spécial) et Fabrice Lhomme (Monaco, envoyé spécial) Publié aujourd’hui à 17h00, modifié à 17h20
Il arrive encore à Claude Palmero, silhouette émaciée et visage grimaçant, de courir sur les hauteurs de La Turbie, un parcours avec une vue imprenable sur la principauté de Monaco. Mais, en plein effort, de noires pensées traversent parfois l’esprit de cet homme de 67 ans, ex-administrateur des biens (ADB) de la famille souveraine, désormais collaborateur déchu, renié et même maudit. A-t-il suffisamment vérifié ses arrières, pensé à emprunter un itinéraire différent ? « Je ne suis pas parano, souffle-t-il, mais il m’a été dit : “Vous savez que vous combattez beaucoup de gens très puissants, on en a descendu pour moins que ça.” »
Ce personnage de l’ombre, corseté par sa loyauté à Monaco et désireux de ne pas se mettre en danger, Le Monde l’a rencontré à plusieurs reprises. Lui qui déteste s’exprimer publiquement prend soin de peser ses mots et se méfie du téléphone – il ne répond plus que sur un portable néerlandais. Pour aborder son histoire, sept mois après son éviction, il a fallu gagner sa confiance, consulter de nombreux documents, vérifier ses dires auprès d’autres témoins, dont l’ami de toujours du prince Albert II de Monaco, l’avocat Thierry Lacoste, lui aussi en disgrâce.
Alors qu’il défie la toute-puissante famille Grimaldi, qui règne sans partage ni opposition sur le micro-Etat le plus riche du monde, Claude Palmero en vient à se demander s’il a bien fait, le 10 janvier 2001, de succéder à son père, lequel était, déjà, l’ADB du prince à l’époque Rainier III (1923-2005). Au décès de celui-ci, son fils Albert a pris sa place sur le trône, et M. Palmero, ex-HEC, auditeur scrupuleux et respecté, est resté en poste. Près de vingt ans plus tard, le voici accusé d’avoir détourné des fonds princiers. Lire la suite.