Challenges Politique Politique
L’accablant rapport de Tracfin sur le micro-parti de Marine Le Pen
Par Laurent Fargues le 07.12.2017 à 17h26
EXCLUSIF La cellule anti-blanchiment du ministère des Finances, Tracfin, a ausculté les comptes du micro-parti qui vend les tracts et affiches aux candidats frontistes. Les mouvements de fonds avec le FN avoisinent les 4 millions d’euros.
La tuyauterie financière des campagnes du Front national est plus que jamais dans le viseur de la justice. Le système de financement des campagnes législatives de 2012 vaudra au parti un procès pour complicité d’escroquerie en 2018. Le 25 septembre, le micro-parti Jeanne et son secrétaire général Jean-François Jalkh, également vice-président du Front national, ont encore été mis en examen pour escroqueries et recel d’abus de biens sociaux dans une nouvelle enquête sur le financement des campagnes municipales de 2014 et départementales de 2015.
La recette est connue : en centralisant la fourniture de tracts et affiches aux candidats via le micro-parti Jeanne, les caciques du FN ont maximisé les remboursements publics des frais de campagne accordés aux candidats récoltant plus de 5 % des voix. Une mécanique que Tracfin, la cellule anti-blanchiment du ministère des Finances, a minutieusement auscultée dans un rapport de juin 2016, que Challenges a pu consulter.
16,5 millions d’euros prêtés avec intérêts
Premier constat : les sommes brassées par Jeanne sont colossales. Entre 2014 et 2016, années où se sont succédé les élections municipales, européennes, départementales, sénatoriales et régionales, le micro-parti a prêté quelque 16,5 millions d’euros à des candidats frontistes, généralement à un taux d’intérêt de 6,5%. En retour, il a perçu pas moins de 22,4 millions d’euros de la part des candidats, eux-mêmes largement remboursés de leurs frais de campagne par l’Etat.
Début 2014, Marine Le Pen a ainsi bénéficié de 373.000 euros pour mener sa campagne des européennes, qu’elle a remboursés sept mois plus tard. Florian Philippot, ex-stratège du FN devenu leader des Patriotes, a, lui, reçu la coquette somme d’un million d’euros en deux ans pour ses campagnes municipales, européennes et régionales. « Ces prêts ont tous été remboursés », assure-t-il aujourd’hui. Lire la suite.