Dossier : l’argent russe du Front national
Enquête
Le Front national a traité avec des banques mafieuses russes 2 mai 2017 Par Agathe Duparc
Toutes les banques russes auxquelles le Front national a fait appel, tant en 2014 qu’en 2016, ont disparu. Elles étaient dirigées par des escrocs ou des blanchisseurs d’argent. De l’argent sale russe a-t-il financé les campagnes du Front national ?
De l’argent sale russe a-t-il financé les campagnes du Front national ? Et pourquoi toutes les banques auxquelles s’est adressé le parti de Marine Le Pen ont-elles des profils douteux, voire carrément mafieux ? Ces questions lancinantes pourraient à terme intéresser la justice française. Qu’il s’agisse des 9,4 millions d’euros versés par la First Czech-Russian Bank (FCRB) en 2014, ou des 3 millions qui auraient dû l’être par la Strategy Bank, puis la NKB Bank en 2016 : le tableau est accablant et permet de s’interroger sur la propension du Front national à fermer les yeux sur la provenance de l’argent russe. Les trois banques ont fait faillite en 2016 dans une étrange répétition.
Liquidée avec un passif de 31,8 milliards de roubles (497 millions d’euros), la First Czech-Russian Bank (FCRB), la première banque du FN, est aujourd’hui visée par une procédure pour détournements de fonds à vaste échelle. Le 20 janvier 2017, son ancien vice-directeur Dmitri Merkoulov a été arrêté à Moscou et mis en examen pour avoir organisé la vente illégale d’actifs de la banque pour un montant total de deux milliards de roubles (31,5 millions d’euros). Cela juste avant que la FCRB ne soit mise sous tutelle, le 21 mars 2016, par la banque centrale russe.
Or c’est justement durant cette période que s’est produit un événement étrange. Comme nous l’avons déjà raconté, le 18 mars 2016, l’emprunt de 9,4 millions d’euros contracté par le FN auprès de la FCRB, a été racheté par Conti, une obscure société moscovite de location de voitures, sans que l’argent ne soit versé dans les caisses. C’est une pratique bien connue en Russie : elle consiste à vider de sa substance une banque avant qu’elle ne disparaisse, via des sociétés bidons, permettant à certains titulaires d’emprunts de ne jamais rembourser leurs dettes. À travers ce schéma, les soutiens de Marine Le Pen en Russie ont-ils trouvé la formule qui permettrait au Front national de bénéficier de dons sous couvert de prêts ? Lire la suite.