BAE : le scandale qui fera chuter la City et la Couronne britannique
Un article de Jeffrey Steinberg à lire sur le site eldib.wordpress.com
Premier extrait :
Depuis, chaque gouvernement anglais, allant de Margaret Thatcher à Tony Blair en passant par John Major, est mouillé dans le scandale. Pire encore, en décembre 2006, le ministre de la justice britannique Lord Goldsmith étouffe l’enquête du SFO et déclare que toute investigation supplémentaire portera sérieusement « atteinte à la sécurité nationale britannique ». Blair donne son appui total à son ministre et tente de finaliser en dernière minute le quatrième volet des contrats d’armes Al-Yamamah avant sa retraite le mois prochain.
Le tollé provoqué par l’annonce de Lord Goldsmith a déclenché une floraison d’enquêtes, y compris de la part du gouvernement suisse et de l’OCDE basée à Paris.
Plus récemment, le Département de la Justice étasunien a ouvert une enquête sur le blanchiment d’argent et la violation possible par les britanniques et les saoudiens de lois sur les pratiques de corruption (Foreign Corrupt Practices Act). Les 2 milliards de dollars, somme cumulée des pots de vins dont a bénéficié le Prince Bandar comme négociateur principal des contrats, transitaient par les comptes du gouvernement saoudien à la Riggs Bank de Washington D.C., rendant ainsi compétente la juridiction américaine.
Si dans cette affaire les enquêtes anglaises ont mis en lumière un vaste réseau de sociétés écran, de planques off-shore et de politiciens véreux qui profitaient des largesses de ces contrats, notre enquête préliminaire fait émerger des enjeux plus fondamentaux qui déferleront aussi bien contre les cercles financiers de la City de Londres que contre des dignitaires de la monarchie anglaise, tous engagés dans un dessein qui est au cœur même du système financier anglo-hollandais actuellement en manque de souffle.
Second Extrait :
Pétrole contre avions
L’accord Al-Yamamah fonctionne comme un accord de troc. D’une part, les saoudiens acceptent de payer en liquide certains services ainsi que la construction d’infrastructures par des sous-contrats séparés. Ainsi, toute une série de paiements vont à des honoraires « de conseil » ou à des commissions occultes, dont les deux milliards de dollars virés sur les comptes du Prince Bandar à la Riggs Bank, ou les dessous de table dont ont profité le dictateur chilien Augusto Pinochet, ou encore le prince consort des Pays-Bas, le Prince Bernhard. Mais d’autre part, l’échange implique d’énormes livraisons de pétrole à l’Angleterre, en échange des avions de chasse.
Et c’est la où l’histoire devient vraiment intéressante.
L’Arabie Saoudite envoie chaque jour un tanker pétrolier en Angleterre, aussi longtemps que dure le contrat Al-Yamamah. Un pétrolier contient approximativement 600.000 barils de pétrole. Officiellement, les livraisons d’avions de BAE Systems à l’Arabie Saoudite commencent en 1989 et BAE Systems emploie actuellement environ 5.000 personnes en Arabie Saoudite pour l’exécution du contrat.
Est-il possible de gager une valeur en cash pour BAE Systems sur les fournitures pétrolières ? Selon des sources proches du dossier, beaucoup du pétrole saoudien fut vendu sur le marché international spot, à la valeur du marché mondial, par l’intermédiaire de British Petroleum et Royal Dutch Shell.
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