Patronat. Dans le sillage de Ghosn, un système de revenus opaques chez Renault
Vendredi, 28 Décembre, 2018 Sébastien Crépel
Une poignée de dirigeants du constructeur français auraient profité de compléments de revenus versés par la holding néerlandaise commune à Renault et Nissan, RNBV, sans que les instances du groupe en soient informées. Un scandale pour la CGT, qui a saisi l’État actionnaire.
L’affaire Carlos Ghosn change de dimension. Elle n’est plus seulement l’histoire de la dérive individuelle d’un homme assoiffé d’argent. C’est désormais tout un système impliquant la direction de Renault qui est en passe d’être découvert, avec les révélations qui s’enchaînent à propos de la holding commune de l’alliance entre le constructeur français et son partenaire japonais Nissan. Selon plusieurs médias, RNBV (pour Renault-Nissan B.V.), société domiciliée dans le paradis fiscal que sont les Pays-Bas, servirait discrètement de caisse noire pour octroyer de copieux compléments de revenus à quelques très hauts privilégiés membres de son directoire. Ainsi, l’un des dix membres de ce tout petit cercle (qui compte cinq dirigeants de Renault et cinq de Nissan) aurait touché entre 80 000 et 130 000 euros par an, en plus de sa rémunération perçue au titre de ses responsabilités chez Renault. Et cela aurait perduré « pendant plusieurs années », selon des « documents confidentiels » révélés jeudi par France Info.
Une pratique « légale » confirmée par la direction de Renault auprès de la radio, et qui concernerait tous les membres du directoire de RNBV, Carlos Ghosn inclus. Mais aussi Thierry Bolloré, actuel directeur général délégué de Renault, chargé de gouverner l’entreprise par intérim après l’arrestation du président de l’Alliance Renault-Nissan au Japon, le 19 novembre. Lire la suite.