Denis Robert : « À l’époque, j’en ai pris plein la tête »

Mardi 17 février 2015

Denis Robert : « À l’époque, j’en ai pris plein la tête »

Publié le 10/02/2015 à 08:06 Economie - Témoignage

Blanchi en février 2011 dans l’affaire Clearstream, le journaliste d’investigation Denis Robert recommandait alors la création de « brigades de contrôle » des transactions financières en Europe… Concordance des temps, l’affaire SwissLeaks est mise au jour la veille de la sortie du film de Vincent Garenq, « L’enquête », dans lequel Gilles Lellouche incarne Denis Robert.

Hier, le journaliste nous livrait ses réflexions sur ces dernières révélations.

« Je ne suis pas vraiment surpris parce que je suis ces dossiers d’assez près et je savais qu’Hervé Falciani, le lanceur d’alerte qui travaillait à HSBC, possédait des listings destinés à sortir dans différents pays. Tout son travail trouve aujourd’hui sa justification. La première réflexion qui me vient, c’est que les fraudeurs, à quelque niveau qu’ils soient, sont aujourd’hui en insécurité. C’est une bonne nouvelle par rapport à ce qui se passait auparavant… »

Mais, pour Denis Robert, il s’agit plus que jamais de protéger les lanceurs d’alerte car, « lorsqu’on voit la manière dont ils sont traités par le pouvoir politique, on peut vraiment se poser des questions. Je pense notamment à Antoine Deltour, l’auteur présumé de la fuite de documents d’accords fiscaux entre le Luxembourg et des multinationales, qui ont déclenché le scandale LuxLeaks. Antoine Deltour est actuellement inculpé au Luxembourg pour vol du secret des affaires. C’est un scandale car ses révélations peuvent nous aider à faire entrer des devises en France et dans d’autres pays. Il faut absolument protéger ces gens-là et ne pas les accabler. Heureusement que Falciani a du caractère et qu’il est solide. N’oublions pas qu’on l’a mis en prison en Espagne, sans compter les galères qu’il a traversées… », ajoute le journaliste.

[…] Alors, d’autres scandales sont-ils à venir ? « Oui, car il reste à faire toute la lumière sur la manière dont les fraudeurs utilisent les banques pour évader leurs capitaux et piller les nations. Le problème de fond reste entier : quelles actions engage-t-on à l’encontre des banques qui utilisent toutes les mêmes outils informatiques pour transférer ces fonds vers les paradis fiscaux ? Ces outils, on les connaît : ce sont, soit des chambres de compensation, soit des sociétés de routine. Pour moi, il existe en gros trois multinationales qu’il faudrait contrôler : Clearstream, Euroclear et Swift. C’est depuis longtemps un de mes chevaux de bataille. Les banques utilisant les mêmes outils, c’est à nous de les contrôler pour réduire l’évasion fiscale… » Pour le journaliste, la décision politique ne peut venir que de l’Europe… Lire la suite.

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