Des bombes livrées en 2016 à l’Arabie et aux Emirats par la France, affirme Disclose
3 déc. 2021
La France, présidée à l’époque par François Hollande, a livré en 2016 des dizaines de milliers de bombes à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis en sachant qu’elles seraient utilisées dans la guerre au Yémen, selon le site Disclose.
La France, présidée à l’époque par François Hollande, a livré en 2016 des dizaines de milliers de bombes à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis en sachant qu’elles seraient utilisées dans la guerre au Yémen, selon le site Disclose.
Le média en ligne d’investigation, citant des « documents confidentiel défense » affirme vendredi que « dès 2016, l’Etat français a autorisé la livraison de près de 150.000 obus » à ses deux alliés du Golfe.
Les documents, émanant du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), font état de vifs débats entre les équipes du ministre de la Défense d’alors Jean-Yves Le Drian et de son collègue des Affaires étrangères Laurent Fabius. Ils ont été tranchés, selon le site, par le président Hollande.
« Les industriels français demandent l’autorisation d’exporter plusieurs dizaines de milliers d’obus et missiles aux armées saoudienne, émiratie et qatarie. Montant total des contrats : 356,6 millions d’euros », écrit Disclose. « A l’époque, les trois pays font partie de la coalition intervenant au Yémen dans l’opération ’Tempête du désert’, contre les rebelles houthis ».
Le site affirme que Paris doit autoriser la livraison aux forces saoudiennes de 41.500 obus par l’entreprise Junghas, une filiale de Thalès, ainsi que 3.000 obus antichar, 10.000 obus fumigènes, 50.000 obus explosifs et 50.000 fusées d’artillerie produits par Nexter aux Emiratis et 346 missiles antichar de l’entreprise MBDA à l’armée qatarie.
Le Quai d’Orsay estime alors que ces munitions sont « "directement utilisables sur le théâtre d’opération yéménite, notamment par des systèmes d’armes d’origine française" ». Il considère aussi qu’elles « font courir "un risque de non-conformité avec nos engagements internationaux" ».
Mais le ministère de la Défense aurait refusé de remettre en question ces contrats, arguant que ces pays représentent « "près du tiers de nos volumes d’exportations" ».
Selon Disclose, « la livraison des bombes est tellement sensible que c’est finalement le chef d’Etat François Hollande qui va trancher le débat ». L’ancien président n’avait pas immédiatement répondu vendredi aux sollicitations de l’AFP.
Le conflit oppose depuis 2014 les rebelles houthis soutenus par l’Iran aux autorités yéménites, appuyées par une coalition arabe créée en 2015 et dirigée par l’Arabie saoudite.
Selon l’ONU, la guerre aura causé la mort de 377.000 personnes, victimes directes et indirectes, d’ici fin 2021. Des millions de civils ont été déplacés.