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Deutsche Bank, en plein marasme, peine à rassurer ses actionnaires
Les dirigeants de la banque évitent un désaveu de la part des actionnaires au cours d’une assemblée générale houleuse. Mais leurs propositions pour redresser les comptes ne convainquent pas.
Par Intérim Publié aujourd’hui à 09h39
Avec un cours de Bourse au plus bas, une rentabilité en berne, une fusion avortée avec Commerzbank, un nouveau scandale de blanchiment d’argent et des transactions suspectes avec l’entourage de Donald Trump, Deutsche Bank est dans la tourmente et ses actionnaires ont du vague à l’âme. Ils ne se sont pas privés de crier leur mécontentement aux dirigeants de la plus grande banque allemande à l’occasion de l’assemblée générale, jeudi 23 mai, à Francfort.
« C’est triste et choquant de voir ce qu’est devenue Deutsche Bank », déplore Alexandra Annecke, gérante du fonds Union Investment, prenant la parole dans l’élégant Festhalle de Francfort loué par la banque pour l’occasion, comme chaque année. Alors que, il y a douze ans, Deutsche Bank faisait jeu égal avec les plus grandes banques américaines, JPMorgan réalise désormais vingt fois le bénéfice du fleuron bancaire allemand et vaut vingt fois plus en Bourse, constate la gérante avec amertume.
« Un film d’horreur »
A certains égards, pourtant, les choses semblent s’améliorer pas à pas pour la vénérable institution, après une décennie calamiteuse. Deutsche Bank a enregistré, en 2018, un bénéfice net de 341 millions d’euros, son premier résultat positif depuis 2014, après 735 millions d’euros de pertes en 2017. Christian Sewing, arrivé à la tête du directoire en avril 2018, n’a pas manqué de rappeler aux quelque 4 000 actionnaires présents ces résultats de bon augure. Mais cela n’a pas suffi à amadouer un auditoire décidé à en découdre.
Sans surprise, les investisseurs se sont émus du cours du titre Deutsche Bank, englué à un plus bas historique depuis le début de la semaine, après s’être effondré de près de 40 % en un an. Le titre a franchement dévissé après l’annonce, il y a un mois, de l’abandon d’un projet de fusion géante avec Commerzbank. Andreas Thomae, gérant du fonds d’investissement Deka, a comparé la courbe obstinément baissière à « un voyage en train fantôme, (…) un film d’horreur qui n’en finit plus ».
« Nous sommes devant un champs de ruines ! » – un actionnaire
Les actionnaires ont également tonné contre le 1,9 milliard d’euros de bonus que Deutsche Bank a versé, principalement aux salariés de sa banque d’investissement, une division pourtant déficitaire. Leurs commentaires se sont faits plus acerbes à l’encontre du conseil de surveillance et de son président, Paul Achleitner, arrivé aux manettes en 2012 et dont le mandat expire en 2022. C’est tout un « système Achleitner » qui a été dénoncé. « Nous sommes devant un champ de ruines », s’est désolé un actionnaire. « Monsieur Achleitner, allez-vous-en ! » Lire la suite.