Islande : le Premier ministre avait vendu ses actifs juste avant la crise de 2008
Son père et son oncle auraient également vendu leurs actifs quelques jours avant l’effondrement de la banque Glitnir.
Source AFP Publié le 06/10/2017 à 18:02 | Le Point.fr
Vendredi des médias islandais et le Guardian ont révélé que le Premier ministre islandais, déjà cité dans les Panama Papers, est soupçonné d’avoir vendu la quasi-totalité de ses actifs juste avant la nationalisation d’une banque pendant la crise financière de 2008. Selon les informations du bimensuel islandais Stundin, de l’agence d’investigation Reykjavik Media et du prestigieux quotidien britannique The Guardian, Bjarni Benediktsson a vendu les actifs qu’il détenait via un fonds d’investissement chez Glitnir, l’une des plus grandes banques du pays à l’époque, à quelques heures de sa nationalisation. Les journalistes indiquent s’appuyer sur des documents officiels et des courriers électroniques pour étayer leurs informations, embarrassantes pour le Premier ministre à trois semaines de la tenue de législatives anticipées. Bjarni Benediktsson, alors député du parlement islandais et membre de la commission des affaires économiques et fiscales, s’est séparé de 119 millions de couronnes (1,4 million de dollars, 971 000 euros) sur les 165 millions qu’il avait investis dans le fonds, selon le Guardian.
Son père et son oncle ont également vendu leurs actifs
Les documents suggèrent qu’il entretenait des relations privilégiées avec les dirigeants de Glitnir, suffisamment étroites pour que les médias islandais s’interrogent sur un éventuel conflit d’intérêts entre son rôle en tant que député et comme client de la banque. Bjarni Benediktsson s’est défendu de tout délit d’initié. « Toutes mes transactions concernant la banque Glitnir étaient normales. Elles ont été maintes fois vérifiées. C’est l’essentiel », a assuré le chef du gouvernement et dirigeant conservateur sur son compte Facebook, tout en reconnaissant la vente d’actifs à ces dates. Il affirme toutefois qu’il a passé des ordres le 2 octobre 2008, avant l’entrée en vigueur le 6 des lois de nationalisation censées protéger les banques islandaises en défaut de paiement de la ruine et de leurs créanciers. « Le produit de la vente est resté dans la banque […]. J’ai progressivement vendu les actifs au cours de l’année suivante et en ai transféré une partie dans d’autres fonds et comptes de la banque », a-t-il expliqué. « On insinue que j’ai profité de ma position et commis un délit d’initié. Les deux [allégations] sont fausses », a-t-il ajouté.
La famille du Premier ministre est l’une des plus riches et influentes en Islande. Son père et son oncle auraient également vendu leurs actifs quelques jours avant l’effondrement de Glitnir. Le nom de Bjarni Benediktsson apparaissait déjà dans les Panama Papers, l’enquête qui avait révélé en avril 2016 un système d’évasion fiscale massive orchestrée par le cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca. Alors ministre des Finances, son nom était associé à une société offshore basée aux Seychelles. De nouvelles élections doivent se tenir le 28 octobre prochain après la démission du gouvernement le 16 septembre dernier à la suite du retrait d’une des formations politiques de la coalition. Le Premier ministre était, une fois encore, au cœur de la tourmente, accusé d’avoir couvert son père dans un imbroglio judiciaire.