Ouverture d’une enquête sur le patrimoine en France d’un oncle de Bachar al-Assad
PARIS - La justice française a ouvert une enquête préliminaire sur le patrimoine immobilier en France de Rifaat al-Assad, un oncle du président syrien Bachar al-Assad, a annoncé lundi à l’AFP une source judiciaire.
Cette enquête fait suite à une plainte déposée le 13 septembre par les associations combattant la corruption Sherpa et Transparency International France (TIF) qui soupçonnent Rifaat al-Assad d’avoir amassé à la suite de malversations un patrimoine extraordinaire.
C’est un premier pas, mais trop timide et pas adapté. Comme dans d’autres dossiers de biens mal acquis par des chefs d’Etat africains, il est évident que seul un juge d’instruction a les pouvoirs adaptés face à des infractions complexes et de nature internationale, a réagi auprès de l’AFP le président de Sherpa William Bourdon.
Un juge d’instruction est à même d’opérer des mesures de saisie des biens avec beaucoup plus de célérité que les services de police. Or, en la matière, le temps peut être l’ennemi de la justice, a poursuivi l’avocat.
Agé de 66 ans et frère cadet d’Hafez al-Assad, le père du président actuel, Rifaat al-Assad s’était illustré à la tête des Brigades de défense dans la répression des Frères musulmans. Il est notamment accusé d’avoir en 1982 lancé ses troupes contre Hama, ville tombée aux mains des islamistes sunnites, une répression qui avait fait entre 10.000 et 25.000 morts selon les estimations. Il avait assimilé en 2011 cette accusation à une légende.
En 1983, celui qui était considéré comme un successeur potentiel d’Hafez al-Assad avait tenté un coup d’Etat, ce qui lui avait valu d’être placé en résidence surveillée, puis poussé à un exil partagé entre Londres et Paris.
Mais ce statut de paria et le fait qu’il ne soit pas parmi les Syriens concernés par le gel de leurs avoirs et une interdiction de voyager ordonnés par l’Union européenne, ne l’exonèrent pas de tout soupçon de corruption aux yeux de Transparency International France (TIF) et de Sherpa.
Les associations évoquent parmi ses propriétés françaises un hôtel particulier et plusieurs dizaines d’appartements dans les quartiers chics de Paris, ainsi qu’un domaine de 45 hectares près de la capitale française.
Selon le quotidien français Le Monde, la vente d’un hôtel particulier à Paris avait échoué en raison du prix jugé trop faible, quelque 70 millions d’euros, proposé par les acquéreurs potentiels, des Russes. Le quotidien évalue le patrimoine immobilier français de Rifaat al-Assad à 160 millions d’euros.
D’évidence, il n’a pu financer l’acquisition de ce patrimoine extraordinaire par les seuls salaires et traitements reçus de ses activités politiques professionnelles connues, à savoir : commandant des Brigades de défense dans les années 1980, puis vice-président de la République arabe syrienne, aujourd’hui en exil et à la tête du +Groupe national uni+ (…), organisation politique de l’opposition syrienne, selon la plainte des associations que l’AFP avait pu consulter.
Les deux associations avaient demandé qu’il soit procédé aussi rapidement que possible à un recensement exhaustif des biens (mobiliers ou immobiliers) ayant appartenu ou appartenant à M. Rifaat al-Assad et, le cas échéant, à son entourage.
(©AFP / 30 septembre 2013 16h31)