Carl Levin cloue au pilori les pratiques fiscales des Etats américains
Stéphane Bussard New York Publié mardi 24 mai 2016 à 20:26.
L’ex-sénateur américain, qui a longtemps pesté contre le secret bancaire suisse et les pratiques de Credit Suisse outre-Atlantique dénonce le manque de diligence de certains Etats américains
Il a beau avoir pris sa retraite du Congrès l’an dernier. L’ex-sénateur Carl Levin, bien connu des banques suisses pour avoir longtemps dirigé la redoutable Sous-commission permanente d’enquête du Sénat, a toujours une aversion envers les paradis fiscaux et les multinationales qui font tout pour contourner le fisc. Dans le cadre d’une conférence intitulée « Gagner les guerres fiscales » organisée lundi par la Banque mondiale à Washington, le démocrate du Michigan a tiré un nouveau coup de gueule. « Les multinationales américaines disposent de 2400 milliards de dollars en offshore et diffèrent le paiement de leurs impôts américains se chiffrant à 700 milliards de dollars. Pendant ce temps, aux Etats-Unis, […] les infrastructures sont en piteux état, l’éducation et la santé sont en manque de moyens et les inégalités de revenus augmentent. »
Carl Levin prend comme exemple Apple. Selon lui, la multinationale avait trois filiales en Irlande dont chacune n’avait aucun domicile fiscal. « Ne pas avoir de domicile fiscal, c’est le Graal de l’évasion fiscale », relève l’ex-sénateur. De fait, de 2009 à 2012, Apple a affecté ses profits de 74 milliards de dollars à ses filiales en Irlande. Dublin a conclu avec la multinationale américaine un accord fiscal lui offrant un taux effectif d’imposition de 1%. Citant l’organisation à but non lucratif Americans for Tax Fairness, Carl Levin mentionne un autre exemple tout aussi parlant : Walmart a possédé jusqu’à 78 filiales établies dans des paradis fiscaux. Lire la suite.