Monde Modifié à 20:02
L’ex-sénateur américain Carl Levin, pourfendeur du secret bancaire suisse, est décédé
L’ancien sénateur américain Carl Levin, du Michigan, un leader démocrate de longue date qui avait notamment mené la fronde politique contre le secret bancaire et les banques suisses dans les années 2010, est décédé à l’âge de 87 ans, a annoncé sa famille jeudi soir.
Carl Levin luttait contre un cancer du poumon, un diagnostic qu’il a révélé dans ses mémoires publiées en mars de cette année. Il est décédé à l’hôpital Henry Ford de Detroit, entouré de ses proches, selon le porte-parole de la famille Jim Townsend, directeur du Levin Center de la faculté de droit de la Wayne State University.
Levin est né à Détroit le 28 juin 1934. Après la faculté de droit de Harvard, il a travaillé comme avocat des droits civiques et défenseur public avant d’être élu au conseil municipal de Détroit en 1969. Il a ensuite été président du conseil avant de se présenter au Sénat.
Connu pour son apparence froissée et son esprit vif, il était le plus ancien sénateur du Michigan, élu pour six mandats consécutifs de six ans à partir de 1978, lorsqu’il a battu un républicain sortant.
Contre le secret bancaire
Carl Levin avait mené la fronde politique contre le secret bancaire et les banques suisses dans les années 2010. Après s’être attaqué à UBS, il avait aussi auditionné les patrons de Credit Suisse et exigé l’extradition des banquiers suisses inculpés dans les affaires de fraude fiscale.
Il avait d’ailleurs mené quasiment seul la double audition des patrons de Credit Suisse et du Département de la justice, dans les affaires de fraude fiscale. A presque 80 ans, il naviguait avec aisance dans ce sujet compliqué, bombardant ses interlocuteurs de questions, s’énervant, relevant les contradictions.
Carl Levin reconnaissait d’ailleurs lui-même qu’il avait beaucoup de mal à intéresser ses collègues au sujet, parce qu’il est compliqué et demande d’aller dans le détail, y compris à l’étranger. Après l’audition de Credit Suisse, il disait à un petit groupe de journalistes en riant : « le droit suisse… je connais trop le droit suisse ! »
« Je serai satisfait seulement quand les autorités suisses auront éliminé tous les obstacles derrière lesquels se cachent les évadés fiscaux », avait-il également déclaré en 2014.
Mais au final, à part dans l’affaire UBS, il avait échoué à six reprises à faire passer une loi contre les abus des paradis fiscaux. Lire la suite et Réécouter son interview dans La Matinale en 2014.