Agendas secrets contre l’humanité

Vendredi 29 juin 2007 — Dernier ajout vendredi 22 juillet 2011

Agendas secrets contre l’humanité

Editorial de François-Xavier Verschave pour la revue mensuelle de l’association Survie : Billets d’Afrique et d’ailleurs n°96 (Octobre 2001)

Le foudroiement du cœur de l’économie-monde a un premier effet : submerger d’émotion. La société-spectacle s’en est régalée, lucarnes ouvertes 24 heures sur 24. Il y a souvent du bon dans les vagues d’émotion, mais chacun sait aussi combien, sous toutes les latitudes, une foule peut être manipulée, renvoyée à des pulsions infra-humaines. Alors, on redouble de vigilance.

Les milliards d’êtres humains qui ne sont pas branchés en continu sur les images occidentales ont plus vite relativisé, à l’aune de leurs propres difficultés de vie ou de survie. Ce n’est pas que de l’égoïsme. Il y a beaucoup plus que 7 000 morts scandaleuses tous les jours à travers le monde, et tous ne peuvent pas se mobiliser sur les mêmes scandales.

Puis la réflexion se met en marche. On pourrait résumer quantité de commentaires avisés en disant que les explosions du 11 septembre viennent de loin : des mèches lentes ont été allumées, puis attisées. L’élan naturel de compassion ne doit pas l’occulter : le leadership américain y a largement contribué.

Passons sur les causes politiques partout énoncées - la partialité des USA dans le conflit israélo-palestinien, le cynisme de leur politique arabo-pétrolière, asservie à une surconsommation d’énergies fossiles, leurs jeux d’apprenti-sorcier avec les intégrismes musulmans, etc.

Nous voudrions plutôt insister sur ce qui nous préoccupe à Survie : les connexions profondes avec ce qui rend folle la planète, au détriment de milliards d’êtres humains. Alors qu’il nous est souvent reproché de trop critiquer la France et pas assez les États-Unis, nous avions pointé chez eux, dans nos Billets de septembre, un soudain prurit de sabotage des processus internationaux (contre l’effet de serre, les paradis fiscaux, les armes biologiques ; pour l’accès aux thérapies anti-sida, la sanction des crimes contre l’humanité… ). Comme si les Américains pouvaient jouer en solo, contre le reste du genre humain. Comme s’ils pouvaient imposer leur loi au monde dans une mondialisation sans loi.

Délaissant dans cet éditorial un sujet qui nous est très cher, celui de la justice pénale internationale (cf. infra Communiqué et Salves), nous n’y évoquerons que celui de la criminalité financière, via les paradis fiscaux. Nous l’avons écrit souvent, son hyperinflation se retourne contre tout le monde : les peuples pauvres, saignés par la prédation, étranglés par une dette odieuse, mais aussi les pays riches, qui voient leurs biens publics s’étioler, les mafias s’insinuer dans leurs centres de décision politiques (par une corruption illimitée), économiques et financiers. On découvre aujourd’hui que les organisations terroristes, d’ailleurs massivement impliquées dans les trafics mafieux (1), s’infiltrent par les mêmes failles : l’argent des attentats est passé par une kyrielle de paradis fiscaux. Si leur suppression est difficile, c’est que leur essor a été largement stimulé par les principaux services secrets, à commencer par la CIA, pour leurs guerres secrètes et coups tordus. Oussama Ben Laden le sait bien, longtemps intermédiaire financier de la CIA dans le trafic d’armes alimentant les résistances afghanes antisoviétiques.

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