Asie-Pacifique
Alberto Fujimori clame son innocence à son procès au Pérou
REUTERS | 11.12.2007 | 08:34
Par Marco Aquino
LIMA (Reuters) - Au Premier jour de son procès, Alberto Fujimori, ancien président du Pérou, a réaffirmé son innocence, rejetant violemment les accusations de meurtres pesant sur lui.
Âge de 69 ans, Fujimori est accusé d’avoir donné l’ordre à aux forces de l’ordre de perpétrer des massacres et des enlèvements au début des années 1990, lorsque le Pérou luttait contre la guérilla maoïste du Sentier lumineux.
« Je rejette toutes ces accusations. Je suis innocent » a lancé un Fujimori très agressif à ses juges, avant d’être rappelé à l’ordre par un magistrat.
« Sous mon gouvernement, les droits de l’homme de 25 millions de péruviens ont été respectés », a-t-il crié.
« S’il y a eu des exceptions, je les condamne, mais je ne les ai pas ordonnées ».
Fujimori, risque jusqu’à trente années de prison. Le procès, confié aux juges de la Cour suprême, se déroule dans la caserne de police où Fujimori est détenu.
Les militants des droits de l’homme considèrent ce procès, retransmis à la télévision, comme une étape décisive dans un pays longtemps marqué par un système judiciaire affaibli, l’impunité des puissants et les souvenirs douloureux des dizaines de milliers de morts de la guerre civile.
Vêtu d’un costume sombre à fines rayures, Fujimori, semblant tour à tour stoïque ou colérique, était assis seul à une petite table face à trois juges de la Cour suprême.
Tandis que des avocats prenaient la parole, il rédigeait des notes dans un carnet.
« Procès et châtiment pour Fujimori ! », exigeait une banderole brandie par des membres du principal syndicat péruvien, dont 200 membres s’étaient réunis pour demander la condamnation de l’ancien chef d’Etat.
« Fujimori est innocent ! », « Liberté pour Fujimori ! » criaient ses partisans, en agitant des drapeaux orange, la couleur de son parti, l’Alliance pour le futur.
Selon ses partisans, il est injuste de persécuter un homme qui a mis fin à la violente guérilla du Sentier lumineux et stabilisé l’économie du pays durant sa présidence, de 1990 à 2000.
Les familles des 25 victimes des deux massacres commis par les services du président ont fait campagne pendant des années pour obtenir ce procès et demandent désormais un verdict sévère.
Fujimori a été extradé au Pérou par le Chili en septembre, après sept années passées en exil, dont cinq au Japon, pays natal de ses parents.
Près de 70.000 Péruviens sont morts ou ont disparu lors des combats entre l’armée, le Sentier lumineux, le mouvement révolutionnaire Tupac Amaru et les paysans des régions montagneuses durant les vingt années d’un conflit amorcé en 1980.
La plupart ont péri avant l’arrivée de Fujimori au pouvoir en 1990, et la violence s’est estompée après la capture en 1992 d’Abimael Guzman, chef suprême du Sentier lumineux.
Version française Gregory Schwartz et Nicolas Delame
© Reuters
Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence Reuters.
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