21/09/2007 16:46
SANTIAGO (AFP) - La justice chilienne autorise l’extradition de l’ex-président péruvien Fujimori
La Cour Suprême du Chili a autorisé vendredi à l’unanimité l’extradition de l’ex-président péruvien Alberto Fujimori vers le Pérou pour corruption et violations des droits de l’Homme durant son régime autoritaire (1990-2000).
« L’extradition a été accordée », a annoncé Alberto Chaigneau, le président de la deuxième chambre de la Cour, dont la décision est définitive et met fin à une longue péripétie judiciaire.
Agé de 69 ans, l’ex-président, en résidence surveillée dans un quartier luxueux de Santiago, ne tentera aucun recours pour retarder l’extradition, selon sa défense. « Nous allons respecter la décision de la justice chilienne », a déclaré son avocat, Gabriel Zaliasnik.
Le transfert de M. Fujimori pourrait s’effectuer rapidement, selon la presse chilienne.
Le Pérou a promis que l’ancien chef d’Etat bénéficierait d’un « procès juste », par la voix de son ministre des Affaires étrangères José Garcia Belaunde.
« L’étape suivante est de l’amener à Lima et lui offir les garanties d’un procès juste », a-t-il déclaré à la radio péruvienne CPN, soulignant la « responsabilité, le sérieux, l’indépendance » de la justice chilienne.
En première instance, le 11 juillet dernier, la demande d’extradition avait été rejetée par le juge chilien Orlando Alvarez, réputé conservateur, une décision contre laquelle l’Etat péruvien avait fait appel.
Au Pérou, le verdict final a été salué par les organisations des droits de l’Homme et les familles des disparus ou tués durant le régime autoritaire de M. Fujimori.
L’ancien dirigeant, qui avait démissioné par fax sur fond de scandale avant de se réfugier pendant cinq ans au Japon dont il possède aussi la nationalité, avait été arrêté au Chili lors de son arrivée inopinée en novembre 2005.
Profitant d’une tournée en Asie pour s’enfuir il y a sept ans, M. Fujimori avait tenté un incroyable pari en débarquant le 6 novembre 2005 à Santiago, d’où il comptait mener campagne pour la présidentielle péruvienne.
Mais le tribunal électoral de Lima le déclara « inéligible » et les policiers chiliens l’interpellèrent dans sa suite d’un hôtel cinq étoiles. Libéré sous caution six mois plus tard, il fut mis en résidence surveillée.
La justice péruvienne le réclame pour deux dossiers portant sur de graves violations des droits de l’Homme et dix autres de corruption.
Les cinq juges de la Cour Suprême du Chili ont retenu à l’unanimité contre l’ex-président péruvien les deux dossiers de violations des droits de l’Homme : le massacre en 1991 de 15 habitants - dont des femmes, des vieillards et un enfant - du quartier de Barrios Altos à Lima et l’assassinat l’année suivante de neuf étudiants et d’un professeur de l’Université de la Cantuta, dans la banlieue de la capitale par un un escadron de la mort, composé de militaires.
Parmi les affaires de corruption, l’ancien chef de l’Etat est accusé d’avoir remis 15 millions de dollars à son conseiller et homme de main, Vladimiro Montesinos, surnommé le « Raspoutine des Andes », aujourd’hui en prison pour quinze ans après une première condamnation.
Bloqué au Chili et redouant une extradition, M. Fujimori s’était présenté, sans succès, au sénat japonais sous l’étiquette du Nouveau parti du peuple japonais, groupe dissident du parti libéral démocrate (PLD).
Son retour au Pérou va embarrasser l’actuel président Alan Garcia qui a besoin du soutien des 13 députés « fujimoristes » pour obtenir la majorité au parlement.
© AFP
Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.
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